Premier volume d'une série destinée à couvrir l'Histoire du genre, ce fragment de l'Histoire de la science-fiction qui se penche sur les premiers maîtres issus des pulps américains du début du siècle est autrement plus roborative et excitante. Aux commandes, l'un des spécialistes incontournables de la SF et directeur littéraire entré dans la légende : Jacques Sadoul. Bénéficiant d'une préface instructive (même si trop courte à notre goût) et de présentations d'auteurs fouillées et replacées dans le contexte de l'évolution du genre, ce premier volume nous offre la reprise de huit nouvelles qui illustrent parfaitement l'époque exaltante des pulps, publications américaines fauchées à l'origine de l'émergence de la quasi-totalité des auteurs de SF de l'Âge d'or. Bien sûr les récits de Merritt, Lovecraft, Long, Howard, Weinbaum, Vincent, Smith et del Rey ont été très souvent réédités, mais si ils ne constituent pas une surprise ou un attrait suffisant pour les vieux renards de la SF comme nous, ils permettront à la jeune génération de lecteurs de découvrir les fondements de notre littérature préférée, les auteurs emblématiques de cette période et les grands textes classiques. Relire ces textes sera rafraîchissant pour les connaisseurs et enrichissant pour les néophytes. Rien que pour cela, et pour le coût ridicule qui sert cette admirable ambition, un seul mot : bravo !
Tous ceux qui, comme moi, ont nourri leurs débuts en SF grâce à l'Histoire de la SF moderne de Jacques Sadoul (J'ai Lu, puis Laffont) seront enchantés par cette parution. Sadoul y inaugure une Histoire de la SF non plus cette fois sous forme d'essai, mais bien de recueil, d'anthologie de textes historiques. Textes connus certes, mais d'une certaine manière fondateurs du genre, et qu'il est donc agréable de retrouver dans une collection grand public. Ce premier tome est sous-titré : 1901-1937 : Les premiers maîtres. Il débute par une introduction sagement historique, dans laquelle Sadoul nous promène de Lucien de Samosate à Tolkien, en insistant sur l'importance de Jules Verne et, bien entendu, des pulps américains (n'était-ce pas lui qui avait édité, chez J'ai Lu, cette superbe série anthologique Les meilleurs récits de Weird Tales, d'Amazing Stories, etc. ?). Il retient huit nouvelles, que je ne résiste pas à vous énumérer : Les êtres de l'abîme de Merritt, Dagon de Lovecraft, Les Chiens de Tindalos de Belknap Long, Les miroirs de Tuzun Thune d'Howard, L'Odyssée martienne de Weinbaum, Le rôdeur des terres incultes de Harl Vincent, La mort d'Ilalotha de C.A.Smith et Hélène Alliage de Lester del Rey. Tous d'incomparables chefs-d'œuvre, hormis peut-être le texte de Vincent. Les Merritt, Lovecraft, Long, Weinbaum et Smith restent tous de grands classiques, parfaitement lisibles de nos jours, et par lesquels l'on découvre l'origine de bien des thèmes. Un (tout) petit bémol : pourquoi avoir inclus le texte de del Rey (titre original : Helen O'loy), très beau certes, mais de pure SF, lui, alors que tous les autres ressortent de l'aventure mystérieuse ou de la proto-fantasy ? Sadoul, auteur aussi de la présentation de chaque nouvelle, annonce déjà le second volume de son Histoire : L'Âge d'or (1938-1957) : j'ai hâte de le découvrir ! Mais d'ores et déjà, je recommande impérativement la lecture du présent tome à tous les nostalgiques évidemment, mais aussi et surtout à tous les curieux qui voudraient (ré)apprendre leur SF.