Christian Grenier, auteur jeunesse
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     Ces pages ne seront plus mises à jour ( pour l'instant ...).
Les notes de lecture étant publiées sur le blog chaque semaine, cela devenait difficile de mettre ces pages à jour en parallèle. Donc rendez-vous sur le blog pour les nouvelles "lectures de la semaine" ! CG, le Lundi 18 février 2013
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 Mars 2009 : Les lectures de janvier et février 

  La cité des Jarres , Arnaldur Indridason ( Métailié , Bibliothèque Nordique )  
     Vous avez adoré la Suède de Stig Larsson ? Alors vous aimerez l'Islande d'Indridason !
     Erlendur, policier blasé et vieilli avant l'âge de la Criminelle de Reykjavik enquête sur le meurtre d'un vieux célibataire solitaire et érotomane : Holberg.
     La découverte, dans un tiroir du bureau de la victime, de la photo d'une tombe d'enfant lui met la puce à l'oreille... Flanqué de son adjoint, Erlendur découvre que la tombe est celle d'une certaine Audur, petite fille décédée à quatre ans d'une tumeur au cerveau.
     La suite de l'enquête nous apprend qu'Holberg était un violeur notoire, et que l'un de ses complices a disparu depuis 25 ans.
     Commence une longue quête, qui passe par la recherche des femmes victimes de Holberg ( 30 ans auparavant ! ), de ses éventuels descendants, et qui s'achève dans l'entreprise ( bien réelle ! ) DeCode Genetics, officiellement autorisée à recenser le code génétique de tous les Islandais, ceux-ci ayant fort peu bougé de leur île au cours des siècles.
     Connaissez-vous la différence entre polar et roman policier ?
     Ici, elle est flagrante et m'a éclairé sur ma préférence pour... le roman policier. Ce dernier possède une structure serrée qu'on peut habituellement résumer par : découverte du crime, enquête, indices, fausses pistes, arrestation du meurtrier et, en conclusion — ici magistrale — explication et reconstitution de ses mobiles.
     Thriller scientifique, ce récit est aussi un « roman policier génétique ».
     La cité des jarres me semble un modèle du genre, même si les trois mystérieux mots laissés par le meurtrier ne sont révélés au lecteur qu'à mi-parcours, même si la fameuse « cité » ( un lieu où seraient rassemblés des organes de défunts ) n'est, dans la conclusion du livre, qu'une collection de cerveaux abandonnés dans le formol...
     C'est sur les conseils de mes bibliothécaires préférées que j'ai emprunté ce roman qui n'a ni le titre, ni l'allure d'un roman policier mais en possède toutes les caractéristiques, y compris dans son langage simple, où l'efficacité l'emporte sur les effets et le style.
     Ce roman, comme ceux de la trilogie de Stig Larsson, offre une vision passionnante d'un pays peu connu ( l'Islande ) et de ses mœurs.
     Certes, le lecteur doit apprivoiser les noms et prénoms : Arnaldur ( l'auteur ), Erlendur ( l'enquêteur ), Sigurdur ( son adjoint ), Olafur ( le voisin ), Audur ( la petite victime ) et c'est... un peu dur ! Mais le personnage central est attachant, avec les relations conflictuelles qu'il entretient avec sa fille, ses collègues, ses supérieurs, et la vision qu'il offre d'une île refermée sur elle-même, prisonnière de son passé et de ses démons.


  Le soleil des Scorta , Laurent Gaudé ( Actes Sud )  
     Je sais : vous avez tous lu le Goncourt 2004. Il m'avait échappé. Je suis impardonnable.
     Et coupable pour une autre raison : le sujet ne m'attirait pas ! Le destin d'une famille italienne des Pouilles... des gens aux agissements douteux, cela sentait un peu la mafia. Et je ne suis pas un fan des grands destins du milieu, comme on dit.
     J'avais tort, moi qui justement ne cesse d'affirmer qu'il n'y a pas de mauvais genre , qu'un récit ne vaut que par son contenu, et non par ce qui semble être son thème ou son genre.
     Du fondateur ( bien malgré lui ! ) de la lignée, Luciano Mascalzone, à Anna, fille d'Elia, Laurent Gaudé brosse un portrait fort et chaleureux de tous les Scorta, y compris ceux, qui, comme Raffaele, s'y rattachent par d'autres liens que ceux du sang !
     Le Soleil des Scorta, c'est peut-être aussi et surtout l'histoire de Montepuccio, du XIXe siècle à nos jours : le village, ses curés et ses habitants. L'histoire aussi des lois qui régissent cette fière et sauvage région des Pouilles — d'ailleurs, le ton et l'ambiance m'ont parfois rappelé La Loi de Roger Vailland ce qui, dans mon esprit, n'est pas un mince compliment.
     Le destin des Scorta est en fait fondé sur un étrange viol ( euh... consenti ) et sur un voyage raté à New York. Fondé aussi sur la violence, et sur des règles d'honneur qui régissent ce pays attachant, où l'on peut devenir trafiquant de cigarettes... et passeur gratuit pour les clandestins venus d'Albanie.
     Aux multiples histoires d'amour ( ah... celle qui lie Elia à la riche et fière Maria ! ) se mêle surtout l'amour d'un pays, de ses hommes et de ses femmes, à l'image des olives et des pierres gorgées de soleil.
     Un roman poétique et exaltant que j'ai dévoré en une seule et longue matinée, quel souvenir !


  Nous trois , Jean Echenoz ( Editions de Minuit )  
     Je lisais Jean Echenoz ( Le méridien de Greenwich, Cherokee... ) avant qu'il ne décroche le Goncourt — en 2000 avec Je m'en vais. Mais je n'avais pas encore lu cet étrange récit publié en 1992. Etrange et réaliste. Ma fois, de la SF ... enfin presque !
     Bien sûr, on est surtout dans la mouvance du Nouveau Roman... ou plutôt de ce qu'il reste de Robbe-Grillet, Butor ou Nathalie Sarraute, et dont Echenoz ( et Jean-Philippe Toussaint ) sont peut-être les derniers représentants. Voilà ce qui explique ce triple point de vue ( parfois JE, parfois IL... avec des allers-retours inopinés et subtils ) de trois protagonistes réunis par leur profession : ils travaillent dans l'aérospatiale.
     Nous trois, c'est surtout le point de vue de Meyer, et de son voyage imprudent à Marseille.
     Oui, imprudent , et pour cause : la ville subit un tremblement de terre de magnitude 7,9 sur l'échelle de Richter. C'est la panique...
     Une panique qui rassemble, dans leur fuite, Meyer et une jeune inconnue qui l'attire et le mystifie. Une inconnue que Meyer, face au mutisme obstiné de la belle, baptisera Mercedes ( la marque du véhicule que la compagne improvisée de Meyer achètera et avec lequel ils rejoindront ensemble Paris ! ) Une Mercedes ( je parle de la jeune femme mais aussi de la voiture ) que Meyer abandonnera dans un quartier chic avant de gagner la Guyane pour une mission à la fois spéciale et spatiale — mais oui, de la SF, je vous dis !
     Là, surprise : Meyer retrouve Mercedes — alias Lucie, médecin de l'expédition spatiale, que Meyer a rencontrée à Marseille alors qu'elle n'aurait pas dû s'y trouver.
     Là, le lecteur se trouve confronté à un mélange baroque de vaudeville et d'épopée de hard science autour de notre globe que n'aurait pas renié l'Arthur C. Clarke de Rendez-vous avec Rama.
     Un récit attachant par son ton, sa précision, son ambiance et un mélange des genres jusqu'ici ( à ma connaissance ) inédit !


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