Christian Grenier, auteur jeunesse
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     Ces pages ne seront plus mises à jour ( pour l'instant ...).
Les notes de lecture étant publiées sur le blog chaque semaine, cela devenait difficile de mettre ces pages à jour en parallèle. Donc rendez-vous sur le blog pour les nouvelles "lectures de la semaine" ! CG, le Lundi 18 février 2013
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 Mai 2009 : Les lectures de mars-avril 

  Ceux qui sauront , Pierre Bordage ( Flammarion , Ukronie )  
     En cet an de grâce 2008, la France est gouvernée par Jean IV, époux de la reine Astrid . Eh oui, en 1882, le Président Grévy et le gouvernement Gambetta ont été renversés par un coup d'état du Parti de l'Ordre. Philippe VII est alors devenu roi de France — avec la bénédiction du pape Léon XIII. Depuis, la royauté triomphe et le peuple vit dans la misère, ignorant des progrès soit stoppés dans l'œuf, soit réservés à la noblesse qui se presse dans la capitale du royaume de France : Versailles.
     L'Europe, comme les Amériques sont aussi des royautés ; la Russie est gouvernée par Nicolas VII, la Chine est un empire et les pays musulmans des califats, qui d'ailleurs ont gelé la production de pétrole. Quant à l'Afrique, vaste colonie, elle permet de recruter de la main d'œuvre à bon marché.
     Du coup, les véhicules du royaume fonctionnent au charbon... ou à l'alcool de sucre.
     Le téléphone n'existe pas, car le peuple pourrait l'utiliser pour communiquer ( ni la machine à laver, parce qu'elle pourrait libérer la femme ).
     Quant à la semaine de travail, elle est de... 72 heures

     Ce présent différent, c'est une uchronie, passionnant genre littéraire relevant de la science-fiction auquel Alain Grousset, chez Flammarion, consacre désormais une collection destinée aux jeunes ( et aux moins jeunes ) adultes, collection qu'ouvre brillamment ce roman de Pierre Bordage.
     Une brève explication : la SF est une « littérature d'hypothèse » et dans ce genre littéraire particulier, l'uchronie concerne une aventure se déroulant dans un présent différent du nôtre à la suite d'un événement historique différent de ceux qu'a connu l'Histoire.
     Mais contrairement à ce que le décor évoqué plus haut suggère, le roman de Pierre Bordage n'a rien d'une description ! C'est un véritable thriller dont l'intérêt, on l'aura compris, est sa situation en décalage avec notre réalité actuelle.
     Ceux qui sauront, ou plutôt qui veulent apprendre, ce sont les gens du peuple qui tentent clandestinement d'accéder à la lecture, à l'écriture, à la culture, ceux qui communiquent avec le R2I, le Réseau International Informatique. Eh oui hélas, comme l'affirme le père de Clara, l'héroïne de ce récit, « le peuple n'a pas besoin d'apprendre à lire ni à écrire, il lui suffit de travailler ». L'ombre de Fahrenheit 451 plane sur cette terrifiante ( mais édifiante et toujours actuelle ) hypothèse.
     Jusqu'ici, les insurrections populaires, comme celles de 1982, ont été réprimées dans le sang. Clara, jeune noble de quinze ans, a un précepteur qu'elle apprécie peu mais qui suscite vivement sa curiosité quand elle apprend qu'on va, comme toutes celles de sa classe, la marier à un noble inconnu. Elle s'échappe ( sans être d'ailleurs regrettée par ses parents ni ses sœurs ), est faite prisonnière par un simple d'esprit, Barnabé, puis elle fait la connaissance d'un jeune « cou noir » ( un travailleur du peuple ) auquel elle s'attache.
     Elle va connaître alors mille et une aventures qui ne sont pas sans rappeler celles des héros d'Eugène Sue ( lire ou relire Les mystères de Paris ! ) et même de ceux des Misérables de Victor Hugo, que l'auteur cite, de façon détournée, en guise de clin d'œil.
     Peu à peu, notre jeune noble repentie prend conscience de l'aliénation du peuple ; grâce au réseau de son ancien précepteur, elle va rejoindre les rangs des opprimés... et si possible l'ouvrier qu'elle a trop brièvement croisé.
     Ce jeune « cou noir », c'est Jean, un enfant du peuple qui, pour nourrir sa famille, a dû s'exiler à Paris pour travailler. Jean, ivre de savoir comme tous ceux qui veulent échapper à leur condition, va vivre lui aussi des aventures trépidantes. D'étape en étape, il sera enrôlé de force par la pègre qui, à Paris, sert plutôt les intérêts royaux que ceux du peuple...
     Difficile de résumer ce roman riche et trépidant, où les actions s'enchaînent et se croisent ( comme se croisent les destins de Jean et de Clara ) pour s'achever sur une insurrection nationale.
     Pierre Bordage, représentant actuel le plus prestigieux de la SF française ( lire Les guerriers du silence, Abzalon, Les fables de L'Humpur... j'en passe ! ) avait écrit voici dix ans Kaena pour le jeune public. Ici, il livre une superbe uchronie, un roman qui se révèle le modèle d'un genre pour lequel, jusqu'ici, les écrivains français se sont révélés très, trop timides.



  Les charmes discrets de la vie conjugale , Douglas Kennedy ( Belfond )  
     Etats-Unis, années soixante dix...
     Hannah, à vingt ans, est une jeune fille plutôt popote et réservée. Elle rêve d'un destin d'épouse fidèle et de mère tranquille.
     Elle ne suit pas, mais pas du tout l'exemple de ses parents ! En effet, la mère d'Hanna est une féministe active ; et son père, John Winthrop Latham, un universitaire progressiste et contestataire qui défraie les médias en raison de ses positions contre la guerre au Vietnam. Il est aussi un mari volage qui prône... toutes les libertés.
     Au grand dam de ses parents, Hannah épouse Dan, un étudiant en médecine ; tous deux s'installent dans un bled perdu ( où chacun épie tout le monde... notamment ce jeune couple avec bébé ) pour mener une vie très, très traditionnelle.
     Et puis voilà : à la suite d'un appel de son père et pendant l'absence de son mari ( dont le papa est en train de mourir à l'autre bout des Etats-Unis ), Hannah accueille au logis, pendant deux jours, un séduisant étudiant gauchiste, Tobias Judson, avec lequel elle a une brève aventure. Ce qu'elle ignore ( et ce qu'il s'empresse de lui révéler une fois l'irréparable accompli ! ), c'est qu'il a recueilli deux terroristes et qu'il est de ce fait recherché par la CIA.
     Tobias Judson demande à Hannah de le faire passer au Canada dans la nuit, faute de quoi il révélera au grand jour la faute qu'Hannah vient de commettre.
     Stupéfaite, meurtrie, elle s'exécute. Et elle se jure, si cette liaison éphémère n'est jamais découverte ( pas même par Margy, sa plus fidèle confidente ), de rester éternellement fidèle à un mari pourtant plus passionné par sa carrière d'ostéopathe que par son rôle d'époux.
     Trente ans plus tard, peu après le 11 septembre, on retrouve Hannah, enseignante occasionnelle, femme mûre dont le mari a réussi, mais dont les deux enfants n'ont pas très bien tourné : leur fils Jeff s'est marié avec Shannon, une catho intégriste. Quant à Lizzie, leur fille un tantinet déjantée, elle a séduit un homme marié ( et connu des médias ) qu'elle veut à tout prix faire divorcer.
     Ai-je raté ma vie ? demande-t-elle à son amie Margy, sa fidèle confidente restée célibataire.
     Mais Margy souffre d'un cancer du poumon. La mère d'Hannah est atteinte d'Alzheimer et son père, vieillissant, ne peut plus lui être d'une très grande aide.
     Soudain, tout bascule : Lizzie disparaît, Jeff refuse de fréquenter sa mère et... comme le lecteur averti s'en doutait, Tobias Judson refait surface ! Autant d'événements qui ébranlent et menace le couple sinon solide, du moins fidèle que formaient Hannah et Dan.

     Difficile de résumer plus avant ce « thriller conjugal » ( raconté à la première personne, Hannah étant la narratrice ! ) qui se révèle un cruel constat de l'Amérique puritaine des années Bush. Aux yeux des Français que nous sommes, les portraits au vitriol ( et les situations en apparence grotesque ) de Douglas Kennedy pourraient friser la caricature.
     Mais j'avoue avoir vibré jusqu'au bout à ce récit haletant et... convaincant à mes yeux.
     Il est vrai que Douglas Kennedy, cet écrivain américain qui vit à Dublin et publie à Londres... est le plus frenchie des auteurs d'outre-Atlantique ! Sa référence préférée semble Madame Bovary de Flaubert, dont Les charmes discrets de la vie conjugale se veut être le remake américain contemporain.
     Aux yeux des puristes, ce roman cumule quatre ou cinq gros défauts : il raconte une histoire, son style n'a pas de prétention littéraire, il privilégie l'efficacité et... il est trépidant !
     Autant dire qu'il ne peut en aucun cas relever de ce qu'on appelle « la littérature » même si l'on peut y lire, au fil d'incessants rebondissements : L'extraordinaire dans le banal. (...) Sous des dehors les plus prosaïques, l'existence de chaque individu est riche de contradictions et de nuances. Elle est un roman potentiel, parce que malgré notre aspiration à la simplicité et à la tranquillité, nous ne pouvons empêcher les catastrophes ou les accidents de parcours de modifier la trajectoire de nos vies.(... ) Comme la tragédie, qui nous guette sans cesse au tournant. »

Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Une relation dangereuse | La femme du Vème


  Un autre monde - Contre le fanatisme du marché , Joseph Stiglitz ( Fayard )  
     C'est sans doute un plaisir vain que de lire un essai dans lequel l'auteur explique et développe ce qui, depuis cinquante ans, est le fondement de vos préoccupations et de vos convictions. Mais quelle joie de découvrir, superbement formulé, ce que vous ne cessez de clamer ou de tenter d'expliquer !
     Ex président de la Banque Mondiale, Joseph E. Stiglitz, Prix Nobel d'économie ( précision destinée aux détracteurs d'Attali car les discours de ces deux hommes se rejoignent ) écrivait en 2006 : « Tôt ou tard, le monde devra faire certaines réformes (...). La question n'est pas de savoir si ces réformes, ou d'autres du même ordre, auront lieu, mais quand — et surtout si ce sera avant ou après une nouvelle vague de désastres mondiaux. Opérer en toute hâte des changements improvisés dans le sillage d'une crise n'est peut-être pas la meilleure méthode pour réformer le système économique mondial ».
     Eh bien Joseph Stiglitz avait hélas vu juste : nous y sommes ! Et comme le redoutait l'auteur, nous ( enfin... les chefs d'états et le glorieux système bancaire de l'économie de marché ! ) devons « opérer en toute hâte des changements improvisés dans le sillage de la crise » !
     Autre extrait significatif : «  Le communisme étant mort, les Etats pouvaient oublier les affrontements idéologiques et se consacrer à résoudre les problèmes du capitalisme. Quel bienfait pour le monde si les Etats-Unis avaient saisi cette occasion afin d'aider à construire un système économique et politique international fondé sur des valeurs et des principes, par exemple un accord commercial conçu pour promouvoir le développement dans les pays pauvres ! Mais non (...), les pays industriels avancés ont en fait créé un régime commercial mondial favorable à leurs intérêts industriels et financiers privés, et nuisibles pour les pays les plus pauvres du monde ».
     Un seul reproche à faire à Joseph Stiglitz : sa naïveté.
     Sinon, il s'agit là aussi bien d'un plaidoyer généreux pour une « économie équitable » que le constat navré du fait que l'économie de marché, en essayant de se passer du rôle de l'état, n'a fait qu'accentuer la pauvreté des pays pauvres ( et de plus en plus endettés ) et aggraver les inégalités dans les pays industrialisés où, contrairement aux « espoirs du système » ( mais là, j'émets une sérieuse réserve ! ) la misère augmente plus vite que... le bien être et le pouvoir d'achat. Une réserve ? Oui. Car lorsque Stiglitz affirme par exemple ( p. 125 ) que « les tenants de la libéralisation du commerce sont persuadés qu'elle va répandre une prospérité inouïe », je crois plutôt qu'ils songent à leurs intérêts particuliers et à leur prospérité personnelle plutôt qu'à ceux du plus grand nombre.



  Chaos calme , Sandro Veronesi ( Grasset )  
     Tandis que Pietro Palladini sauve une baigneuse imprudente de la noyade — en même temps que son frère Carlo ! — sa femme Lara meurt, la veille de leur mariage, le laissant seul avec Gloria, leur fille de dix ans.
     Pietro, apparemment vide de toute peine alors qu'il aimait Lara, décide de passer ses journées dans sa voiture, à Milan, devant l'école de Gloria. Situation imprudente car une fusion importante se dessine dans le groupe important où il travaille. Commence alors une étrange existence rythmée par un quotidien à répétition : l'agent de la circulation qui lui réserve désormais sa place, un jeune trisomique avec lequel se noue une étrange complicité, les enseignantes et mères d'élèves qui attendent la sortie des classes ( notamment une séduisante femme dont il ne se souvient jamais si elle s'appelle Barbara ou Béatrice ), son frère Carlo aux fiancées qui changent chaque année, un voisin amateur de spaghettis, sa jolie belle sœur Marta — qui fut d'abord sa maîtresse, une femme qui promène son chien, et surtout ses collègues qui lui rendent visite dans son véhicule pour travailler mais surtout se confier à lui : Jean-Claude, son supérieur direct récemment déchu, Thierry, qui contre toute attente lui propose un poste de direction, le laid et mystérieux Enoch, DRH et futur démissionnaire qui a perdu ses illusions, Piquet, l'homme-casoar, dont la femme Francesca lance des répliques grossières et provocatrices à des inconnus... et enfin Steiner et Boesson, les deux grands responsables des groupes qui fusionnent !
     Ce roman étrange et captivant est un OVNI !
     On y trouve une situation absurde digne de Beckett ou Kafka, un état d'esprit qui rappelle parfois l'Etranger de Camus mais aussi de longues pages introspectives évoquant Proust ou même Virginia Woolf, dans un style dépourvu de ponctuation — mais aussi des dialogues vifs rappelant Anna Gavalda ( Ensemble, c'est tout ) avec un arrière-plan que n'aurait pas renié le René-Victor Pilhes de l'Imprécateur.
     Fourre-tout ou savant melting pot ? allez-vous demander.
     Eh bien non, ce drame en huis clos ( presque toute l'action se passe dans la voiture du narrateur et... dans sa tête ! ) se tient parfaitement, et sa structure, notamment dans la troisième partie, réserve de belles surprises — d'ordre sexuel ( eh oui... la nageuse imprudente réapparaît ! ) ou professionnel — les scènes finales m'ont semblé réellement captivantes... jusqu'à la dernière phrase, et même jusqu'au dernier mot !
     Dense, riche, divers et pimenté de scènes tour à tour exotiques ou édifiantes, CHAOS CALME est un récit encore plus attachant que déroutant.



  Sans parler du chien , Connie Willis ( J'ai Lu , Science-Fiction )  
     Etes-vous un fan de science-fiction ? Passionné par les problèmes temporels ? Avez-vous été impressionné par La Patrouille du Temps de Poul Anderson et par ce bijou de Bradbury : Un coup de tonnerre ? Avez-vous ri avec Trois hommes dans un bateau, rêvé avec Alice au Pays des Merveilles et frémi avec La Pierre de lune de Wilkie Collins ?
     Si vous répondez non à ces questions, alors ne lisez pas Sans parler du chien !
     Cette énième variation sur les variations et décalages temporels ( ce que j'appelle dans mes essais ou conférences : aller dans le passé pour changer/assurer/vérifier le présent ) risque en effet de perturber ou de laisser froids les lecteurs peu avertis. Les autres, eux, se régaleront !
     Ce quinze novembre en fin d'après-midi, je cherchais la potiche de l'évêque dans les ruines de la cathédrale de Coventry.
     Cet incipit mérite d'être aussi célèbre que le fameux J'avais atteint l'âge de mille kilomètres de Christopher Priest ( Le monde inverti ).
     Eh oui, le narrateur, Ned Henry, cherche désespérément cette mystérieuse ( et horrible ) potiche pendant un célèbre bombardement de 1940. Mais en réalité, Ned vient de l'an 2057. Il a été envoyé dans le passé par le professeur Dunworthy, grâce aux subventions d'une Lady Schrapnell dont les objectifs sont aussi étranges que dictatoriaux, et l'admiration pour la cathédrale de Coventry incommensurable...
     Faute de trouver cette potiche, Ned Henry est alors envoyé en 1888 — car cette fichue potiche semble avoir joué un rôle déterminant dans la vie de la jeune Tossie un jour de printemps précis de cette même année — jour où ( à en croire son journal intime retrouvé beaucoup plus tard, avec les passages essentiels illisibles, hélas ! ) elle a découvert l'amour de sa vie, cinquante années de bonheur sans mélange avec un certain Monsieur C.
     Mais qui est ce Monsieur C ?
     Nanti de ces précieux renseignements, Ned Henry débarque donc en 1888, sur le quai d'une gare, pour y rencontrer... un étudiant fauché, Terence, qui lui propose une descente en canot de la Tamise — même si Trois hommes dans un bateau n'a pas encore été écrit.
     Le hic, c'est que les voyageurs temporels subissent des stress terrifiants. Aussi le pauvre Ned, débarquant dans cette fin de XIXe siècle victorienne, ne sait plus très bien quel est le but de sa mission. Aussi tombe-t-il amoureux ( oui, c'est l'un des effets du stress temporel ! ) d'une de ses collègues ( une autre voyageuse du passé, Miss Kindle ) envoyée elle aussi en renfort à la même époque. La vraie mission de Ned ( qu'il ignore car il n'a rien compris aux ordres qu'on lui a donnés ) consiste en fait à rapporter en cette année 1888 le chat de Tossie que Miss Kindle, lors d'une mission précédente, a cru judicieux de sauver de la noyade — au risque de bouleverser le destin de Tossie... celui de Coventry ( et de sa cathédrale ), de la 2ème guerre mondiale... et de la Terre entière.
     Mais si !
     Arrivé à ce stade du résumé, le lecteur est en droit de se demander si je plaisante ou si j'ai bien compris l'histoire tordue que j'ai lue.
     Euh... oui ! Et ceux qui croiraient que ce récit n'a ni queue ni tête seraient sans doute stupéfaits, en parvenant à la page 535 ( tout de même... ) de constater que tout se tient, que le plus infime détail a sa place dans ce puzzle désopilant, véritable roman policier temporel — Sherlock Holmes et Agatha Christie sont d'ailleurs aussi abondamment cités que Jérôme K. Jérôme ou Lewis Caroll... et j'en passe ! Avec, toutefois, quelques leit motive insistants : cette fameuse potiche, fragile fondation de l'édifice que constitue ce roman, ainsi que la phrase : « c'est le majordome qui a fait le coup ! »
     Si j'excepte un léger passage à vide entre les pages 300 et 400, ce roman fourmillant d'humour et de références historiques et culturelles est à la fois un vibrant hommage à Trois hommes dans un bateau, un immense clin d'œil à toute la littérature des voyages dans le temps, et... le plus anglais de tous les romans de SF américains !



  Tout amour est extraterrestre , Susie Morgenstern & Alain Grousset ( L’Ecole des Loisirs )  
     La famille de Pauline, ce ne sont que des femmes ! Des femmes qui ne portent pas les hommes dans leur cœur. Deux raisons pour que l'adolescente s'intéresse de près aux garçons en général, et au bel Olivier en particulier.
     Mais Pauline découvre tout à coup qu'elle, euh... qu'elle est de moins en moins une fille. La famille lui apprend alors la vérité : elle va devenir un homme, parce que son père était un extraterrestre ! Tandis qu'elle se découvre télépathe et dotée de nouveaux pouvoirs, elle se fait enlever par de sombres individus qui lui font rejoindre une sorte d'école-prison où ont été rassemblés des garçons issus d'ET, comme elle.
     Quand Pauline comprend l'objectif caché de ses agresseurs, elle décide de s'enfuir. Mais pas toute seule, car cette fois, c'est le sort de la Terre qui est en jeu.
     Pourquoi ai-je choisi de vous parler de ce roman ? Parce que c'est de la SF, allez-vous rétorquer. Faux : c'est parce leurs auteurs ont eu la gentillesse... de me le dédier !
     Peut-être savent-ils que j'ai publié en 1988 un roman ( Grand Prix de la science-fiction française ) qui abordait le thème du changement de sexe : Le cœur en abîme.
     A y regarder de près, il y a dans Tout amour est extraterrestre une Pauline dont les préoccupations, le langage et le cœur gros comme ça sont du Susie tout craché. Et dans la deuxième partie du récit ( mais j'ignore qui a écrit quoi, juré ! ), un complot et des courses poursuites à la Grousset qui rappellent le meilleur de X Files et de V.
     Attention : dans ce roman qui aborde de front les problèmes de la sexualité, les auteurs appellent un chat un chat — si j'ose dire. Ce roman au thème original et très enlevé dissimule, on l'aura compris, une réflexion sur l'identité sexuelle... et les mystères de l'amour.



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