Christian Grenier, auteur jeunesse
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 Mai 2012 : Les lectures de mars-avril 

  La muraille invisible , Henning Mankell ( Editions du Seuil , Policiers )  

En ce début d’octobre 1997, plusieurs drames sans lien apparent vont survenir à Ystad, petite ville suédoise dans lequel travaille l’enquêteur Kurt Wallander.

D’abord la mort inexplicable du consultant en informatique Tynne Falk, devant le distributeur bancaire où on le retrouvera quelques heures plus tard.

Ensuite l’agression froide et sauvage d’un chauffeur de taxi que tuent deux lycéennes de 19 et 14 ans. Sans autre motif que lui voler un peu d’argent. L’aînée, Sonja, est sans remords et sa complice Eva quasi mutique. Lors d’une entrevue houleuse entre sa mère et elle, Wallander s’interpose – mais un journaliste le photographie alors qu’il gifle Eva – après que celle-ci a agressé sa mère. Ce geste malheureux risque de lui valoir sinon sa place, du moins un blâme. Car par la suite, mère et fille feront front pour assurer que le geste de Wallander était gratuit.

Finalement, Sonja parvient à s’enfuir ; et l’on va retrouver peu après son corps électrocuté à l’intérieur d’un transformateur électrique dans lequel son mystérieux agresseur est parvenu à entrer, après avoir laissé ( volontairement ? ) de troublants indices.

Enfin, la même nuit, le corps de Tynne Falk est volé à la morgue !

Très troublé, Wallander enquête, persuadé qu’existe un lien entre tous ces faits survenus à quelques heures d’intervalle. Peu féru en informatique, il fait appel à Robert Modin, un jeune hacker surdoué. Ce dernier va bientôt mettre à jour une conspiration stupéfiante qui pourrait bien permettre, le 20 novembre, le piratage simultané de nombreuses grosses banques dans le monde, de quoi créer une panique financière planétaire…

Entre-temps, une collègue de Wallander, Ann-Britt, lui révèle que l’ami et camarade de Kurt, Martinsson, le jalouse, ment et intrigue, car il brigue sa place.

Par ailleurs Linda,  la fille de Wallander, le convainc de passer une annonce dans un site de rencontres. Une certaine Elvira Lindfeldt répond aussitôt. Mieux : elle se révèle plutôt séduisante. Wallander, après son divorce, va-t-il pouvoir filer à nouveau le parfait amour ?

Pas simple, en menant cette enquête aux ramifications complexes !

 

Ce long et passionnant roman a deux petits défauts.

Le premier va irriter pendant un mois et demi ( et sur près de 500 pages ! ) à la fois Kurt Wallander et son lecteur : eh oui, si tous ces faits et personnages sont bel et bien liés, il faudra attendre le dénouement pour en établir les jonctions… de quoi perdre un peu patience !

Le second, aussi décevant pour l’enquêteur que pour le lecteur, est qu’une grande partie des détails ( réalistes et vraisemblables ) ne seront en fin de compte jamais élucidés. Frustrant.

Cependant, ces imperfections apparentes renforcent la crédibilité de ce gros récit. En effet, dans la réalité, c’est souvent ainsi que les choses se passent… quand l’enquête aboutit, ce qui est heureusement le cas ici !

On peut aussi être étonné par l’ampleur du sujet de ce roman policier ( rien moins qu’une cyber attaque mûrie pendant des années par des fanatiques ! ) et par la fragilité ou la minceur des éléments épars qui vont permettre à Wallander d’empêcher les criminels d’agir. Deux complices dont les motivations ne semblent pas toujours convaincantes.

Mais que les amateurs d’Henning Mankell se rassurent : ces réserves n’empêchent nullement La muraille invisible d’être un roman majeur, qui préfigure la retraite d’un héros à la fois très attachant, un peu démuni, souvent dépassé et de plus en plus fatigué.

Lu dans la version poche Point Seuil, un livre souple et maniable… très pratique à dévorer dans le métro, même aux heures de pointe - c’était mon viatique pour le dernier Salon de Montreuil !
Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
L'homme inquiet | Meurtriers sans visage


  Petits Contes pour une Révolution , Marc Séasseau ( Oskar Editeur )  

Trop prétentieux et sûr de lui, un roi fut sommé par ses sujets d’identifier son bébé parmi les trois nouveaux-nés qu’on lui présenta. S’étant trompé, il dut admettre qu’un souverain ne possède pas un rang supérieur à celui des hommes qu’il gouverne. Il n’est que le premier parmi ses égaux. A un roi maladroit à l’escrime, son maître d’armes lui déclara qu’un sceptre étant plus difficile à manier qu’une épée, il devait abandonner les deux sans tarder, ajoutant : Vous éviterez ainsi de mutiler votre peuple, comme vous le faites de vos adversaires.

A un roi qui demandait la définition de l’expression « l’âge d’or », un écuyer révéla qu’il évoquait un temps où il n’y avait sur Terre ni maître, ni valets, ni sujets. Chacun se gouvernait lui-même. Aussitôt, le souverain ordonna qu’on interdise aux écrivains et aux nourrices d’écrire ou de raconter de telles fariboles. Un autre despote du même genre décréta qu’on classe la définition du mot insurrection dans la mythologie et les contes de fées, après avoir appris que ce terme désignait à l’origine le droit de soulèvement accordé au peuple de Crète contre ses souverains, quand ceux-ci se conduisaient mal dans leur état.

Le conte le plus court ne compte que trois phrases :

La place d’un ours est dans les bois d’un ermite.

La place d’un singe est dans le carrosse d’un courtisan.

La place d’un sot est à la cour d’un despote qui craint les gens d’esprit.

On l’aura compris : auteur pour la jeunesse mais aussi enseignant de Lettres, Marc Seassau a eu la bonne idée de reprendre ( en les adaptant ) soixante-quatre « fables de la révolution française ». Souvent dignes de La Fontaine ( sauf qu’on y trouve rois, princes, sujets, étrangers, fous, sages et philosophes ) ces contes aussi révolutionnaires que moraux n’ont pas pris une ride ! Chacun d’eux est une véritable petite histoire ( sa longueur varie de quelques pages à quelques lignes ) qui mériterait d’être le sujet d’une dissertation ! Il s’agit en effet de réflexions à peine déguisées sur le pouvoir, le droit, la justice, les inégalités, la démocratie…

Leur chute est souvent une morale lapidaire. Ce recueil mériterait de figurer au programme de toutes les classes, du CM1 aux Terminales. Nul doute que la sortie de cet ouvrage édifiant est fort bienvenue à la veille d’élections présidentielles !

Un petit livre de présentation sobre et classique à la couverture solide.

A mettre entre toutes les mains !



  La Passion Lippi , Sophie Chauveau ( Folio )  

A Florence, en 1414, Cosme de Médicis prend sous son aile un enfant des rues qu’il devine surdoué : Filippo Lippi. Il le confie au couvent, où le moine-peintre Guido di Pietro lui enseignera les rudiments du métier, où Donatello tente de marcher sur les traces de Giotto.

Hélas, le jeune Lippi a gardé de sa vie d’errance le goût de la liberté. Désertant son gîte chaque nuit, il trouve refuge et consolation auprès des prostituées de Florence… tout en perfectionnant, le jour, ses réels talents de peintre. Bientôt, le discret Diamante, qui a deviné le génie du jeune homme, devient son admirateur et assistant attitré. D’autres peintres, jeunes et talentueux, comme Masaccio, rejoignent bientôt Florence, et Lippi s’en inspire. Il gagne peu à peu en notoriété et en talent.

Mais partager sa vie entre les maisons closes ( où la fidèle Flaminia l’accueille régulièrement) et le couvent pose bientôt problème à Lippi, qui fait… de mauvaises rencontres ! Dénoncé, exilé, il ne doit son salut qu’à Cosme, son fidèle protecteur.

A bientôt soixante ans, Lippi se voit confier la tâche de peindre une vierge… dont il va trouver le modèle, Lucrezia parmi… de jeunes nonnes. Fou amoureux de cette religieuse de 18 ans qu’il ne cesse de peindre, il lui fait un enfant – et il faudra que Cosme, cette fois, aille jusqu’à Rome et au pape ( un vieil ami… ) pour obtenir l’absolution du génial moine amoureux… et père de famille.

Pour un amoureux de Venise ( dont je suis ), de Florence, de la Renaissance en général et des œuvres rassemblées à l’Academie et aux Offices en particulier, l’ouvrage de Sophie Chauveau est mieux qu’une référence : un documentaire précieux doublé d’un roman passionnant ! Ici, outre Cosme, Pierre et ( le jeune ) Laurent de Médicis, on côtoie Masacio ( génie précoce mort prématurément ), Masolino, Uccello, Fra Angelico ; et l’on baigne dans cette atmosphère particulière où l’émulation, l’art et la foi ne cessent de se doper mutuellement.

Gageons qu’un lecteur innocent, aussi peu féru d’histoire que de peinture ne résistera pas à ce récit historique au héros particulièrement attachant. Quand on sait que le fils de Lippi deviendra le compagnon ( et l’amant ) de Boticelli, et que le petit-fils de Cosme est le célèbre ( et sulfureux plus que Magnifique ) Laurent de Médicis… on se précipitera forcément sur les ouvrages de Sophie Chauveau qui sont la suite obligée de l’histoire du Quattrocentto : Le rêve Boticelli, L’obsession Vinci et Léonard de Vinci – la biographie de Léonard.

Lu dans la version poche Folio – mais l’ouvrage a initialement paru en 2004 chez l’éditeur Télémaque. Un conseil : avoir à portée de main, d’une façon ou d’une autre, les reproductions des tableaux de Lippi, via l’Universalis, la Larousse… ou Internet



  Dans ces bras-là , Camille Laurens ( Folio )  

Comme l’indique la Quatrième de couverture, ce livre « ne traite que d’un seul sujet, une idée fixe : les hommes ». Du premier amour au mari, de l’amant au passant, à l’éditeur, au père et même au lecteur, Camille Laurens décline son sujet sous tous les angles, physique, sentimental, personnel, relationnel…

Il ne s’agit pas là d’un roman mais d’une longue confidence, avec le prétexte narratif d’une confession à un psy dont le physique l’a frappée et qu’elle a suivi.

Donner un avis sur cet ouvrage est délicat car il est… attachant mais très atypique ! Non, il ne se lit pas d’une traite dans la mesure où ce catalogue ne suit pas un ordre précis, même si la vie de la ( pseudo ? ) narratrice peut sembler en être le fil conducteur, avec çà et là des généralités et des listes. A la vérité et comme l’auteur le confesse, même si le sujet, ce sont les hommes, cette longue confession est plutôt destinée aux femmes. Dommage en ce cas que les hommes ne la lisent pas. Il ne s’agit pas là d’un pamphlet féministe ( j’allais ajouter : au contraire ! ). En effet, Camille Laurens aime les hommes, tous les hommes, elle les recherche, elle éprouve le besoin de leur présence, de leur contact.

Parfois, le lecteur ( mâle ? ) se surprend à penser : que d’hommes dans la vie de la narratrice ! Ou encore, face à la rudesse ou la crudité de son regard : « là, elle exagère ! » A la réflexion, moins qu’il n’y paraît. D’ailleurs Camille Laurens se défend d’être à l’origine du « j e » qui accompagne la lecture. Un je qui souvent se transforme en « elle » - mais le lecteur n’est pas dupe puisque « elle » a vécu au Maroc et a fréquenté le milieu enseignant…

Il s’agit donc là d’une forme mal déguisée d’autobiographie, à travers le prisme d’un… objectif fixe : les hommes.

Une lecture édifiante qui ne devrait pas échapper aux lecteurs masculins.

Parfois, dans un salon, quand une jeune lectrice achète La Fille de 3èùme B, je me permets de la prévenir : « Attention, malgré le titre, il s’agit ici du journal intime d’un garçon ! ».

Neuf fois sur dix, la jeune lectrice sourit avant de me répondre :

- Pas grave, au contraire : c’est surtout ce point de vue qui m’intéresse ! »

Lu dans sa petite version souple Folio, une réédition qui précise que l’ouvrage a obtenu le Prix Fémina en l’an 2000 - je sais, j’ai du retard dans mes lectures… et, plus étonnant, le Prix Renaudot lycéen. Des lycéennes se sont donc reconnues dans cet ouvrage ?



  La liste de mes envies , Grégoire Delacourt ( Jean-Claude Lattès )  

Jocelyne a 47 ans, une bouée en guise de taille, une mercerie à Arras, un blog ( dixdoigtsdor ) qui marche très fort, un mari ordinaire ( Jocelyn, comme Jocelyne mais sans e, très important ), un bébé-fille mort à la naissance, un fils presque perdu de vue à Grenoble, une fille cinéaste et prometteuse, une maman décédée d’une attaque et un papa AVC qui perd la mémoire toutes les six minutes…

Bref, Jocelyne n’a plus beaucoup d’illusions.

Ah, elle a aussi deux gentilles voisines coiffeuses ( Danièle et Françoise ) qui jouent au Loto depuis 18 ans. Et perdent très souvent.

Jocelyne, elle, joue une fois. Et gagne. 18,5 millions d’euros.

Alors commence une série de listes ( celle de ses besoins, de ses envies, de ses folies ) et une série de réflexions. Jusqu’à ce que survienne un événement inattendu. Lié à une lettre en trop.

Quant à la suite… eh bien il faudra la lire !

Et ça ne vous prendra pas très longtemps.

Parce que La liste de mes envies n’est pas un roman-fleuve. Plutôt une novella, comme disent les Américains. Pourtant, ce petit roman ch’ti est bien français. Un récit qu’on lit en moins de deux heures et qui, au départ, n’a l’air de rien. Une histoire pleine de mots simples, de phrases courtes, de passés simples inattendus et, peu à peu, de formules évidentes et superbes qui font mouche à tout coup.

Eh oui… après une page ( 98 ) géniale qui vous arrache des larmes, le livre acquiert soudain une densité et un rythme inattendus. Car la suite est pleine de surprises, d’amertume, de peines et de bonheurs. Si l’on excepte quelques invraisemblances ( difficile d’imaginer Jo lire et digérer Belle du Seigneur, mais bon… ), c’est là, comme le prétend la rumeur populaire, un texte inattendu et rare.

Moralité : de même que L’amour dure trois ans ( Frédéric Beigbéder ), le bonheur coûte moins de quarante euros ( p. 78 ). Juste seize.

Eh oui, seize euros, c’est le prix de ce beau livre format moyen, dans la ( fausse ) Collection Blanche de chez JC Lattès. Un livre que vous finirez même par prêter à vos pires ennemis.



  Un homme de tempérament , David Lodge ( Rivages )  

1944… pendant le fameux « Blitz » de Londres, le grand écrivain anglais H.G. Wells, amer et oublié, est en fin de vie, entouré de ses enfants Gip ( l’un des deux fils qu’il eut avec Jane ), Anthony ( le fils qu’il eut de Rebecca West) et Rebecca elle-même la dernière ( ? ) femme de sa vie.

C’est le point de départ d’un long flash back de… 700 pages, au cours duquel est relatée la vie intime de l’écrivain, moins littéraire que familiale, sentimentale ou même érotique.

Souvent au moyen de questions que Wells, dit Aigie, se pose lui-même ( ou que David Lodge, complice érudit, impose à son interlocuteur défunt ), nous est racontée… toute une vie bien remplie, pourrait-on dire en parodiant Pierre Autin-Grenier. Une vie remplie de livres mais aussi et surtout de femmes. Une vie consacrée à l’écriture, à une jolie collection de maîtresses, et à une certaine idée du socialisme et de l’avenir de l’humanité.

Car H.G. Wells, après une adolescence effacée et un mariage raté avec une cousine dont il avait un peu trop rêvé, finit par épouser Jane… et par la tromper très vite.

Très tôt adhérent de « la société fabienne » ( l’ancêtre du Parti Travailliste, pour faire court ), Wells devint vite un fervent adepte de ce qu’il appela l’un des premiers « l’amour libre ». Une pratique qu’il finit par faire admettre à Jane, épouse sage et résignée à laquelle il fit deux enfants. Mais oui : Jane accepta et accueillit même les autre femmes que son mari connut, depuis les simples passades ( en français dans le texte ) à des relations sérieuses et souvent… très encombrantes ! Ainsi en fut-il de la jeune Amber, admiratrice et fille de vieux amis du couple, une maîtresse dont il tomba amoureux… et eut une fille. Amber qui, poussée par son amant hélas déjà marié, finit par épouser Blanco White dit Rivers, un rival ambigu…

Passons sur la liaison de Wells avec l’écrivain Elisabeth von Arnim ( dite Little E. ) pour ne garder que sa passion pour Rebecca West, écrivain dont l’intelligence le fascinait. Une passion que perturba une liaison de fin de vie avec la Russe Moura, rencontrée lors d’un voyage en URSS. Moura qui fut sans doute la maîtresse de Gorki… mais aussi une espionne, et probablement un agent double !

 

Comment résumer autrement ce que David Lodge a lui-même baptisé la « biographie romancée de H.G. Wells » ? Un « homme de tempérament, Wells ? » Disons que le titre « Un chaud lapin » aurait nettement mieux convenu ! En effet, parmi les hommes de Lettres amateurs de femmes, Wells pourrait sans doute se vanter d’arriver juste après Simenon  ( et chronologiquement un siècle avant DSK ! ) !

Avec plusieurs justifications…

1/ Wells n’a jamais caché à quiconque son intérêt pour le sexe et les femmes, ni à G. Bernard Shaw, ni à Henry James ( écrivains avec lesquels il entretint toute sa vie une correspondance et des rapport parfois orageux ), et encore moins avec les femmes qu’il épousa et/ou dont il eut des enfants

2/ Auteur universellement reconnu ( le plus célèbre au monde en 1920, affirme David Lodge ) notre Don Juan des Lettres devait affronter de nombreuses « fans » qui, connaissant son goût pour les aventures passagères, n’hésitaient pas à forcer sa porte – ce qui finit moins par le servir que par l’encombrer !

Soyons clair : ce récit est une somme colossale, passionnante, une entreprise qui d’ailleurs dut dépasser David Lodge lui-même, car arrivé à la page 626… on sent que l’auteur se résout à  résumer les 25 dernières années de la vie de son héros.

Une vie qui va s’achever dans une amertume grandissante…

En effet, si le jeune Wells a vite connu la célébrité avec La machine à explorer le temps ( 1895 ), L’île du Dr Moreau ( 1896 ), L’homme invisible ( 1897 ), La guerre des Mondes ( 1898 ) et Les premiers hommes dans la Lune ( 1901 ), qui connaît, qui a lu La guerre dans les airs, Anne Véronique et Tono-Bungay ?

Auteur prolixe et engagé, Wells ( qui mourra en 1946 ) aura passé les quarante dernières années de sa vie à militer pour la paix et un hypothétique « gouvernement mondial ».

Dès le début du XXe siècle, il prédit les chars d’assaut, l’usage de l’aviation dans les guerres futures et… la bombe atomique ! Il envisage aussi de rédiger une Encyclopedia Universalis et rêve que chacun puisse disposer d’un moyen ( Internet ? ) d’accéder à toutes les informations disponibles dans le monde. Il se veut aussi, dans ses derniers ouvrages ( plusieurs dizaines, hélas tous passés à la trappe ! ) le chantre d’une nouvelle société, et il œuvre pour un gouvernement mondial… qui ne verra jamais le jour.

Cassandre moderne, prophète devenu misanthrope, il aurait même fait graver sur sa tombe l’inscription provocatrice : « Je vous l’avais bien dit, bande de cons ! »

Autant le révéler : même si David Lodge ne fait pas ici étalage de son humour habituel, c’est là, dans son genre, un texte à mes yeux majeur. Mais je crains qu’il ne soit apprécié que par certains inconditionnels ( de David Lodge et d’H.G. Wells )… dont je fais bien sûr partie.

 

Lu dans son unique version en grand format, un très beau livre épais et souple, au papier fin mais blanc, de si bonne qualité qu’il a supporté toutes les annotations à l’encre dont j’ai émaillé presque chacune de ses pages !



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