« Les monstres hybrides d'Hodgson ou de Lovecraft ont été engendrés par notre cerveau qui croit à la réalité des rêves, ou des cauchemars, qui croit à l'existence d'autres univers, d'autres entités redoutables qui attendent « au bord du monde » et qui peuvent envahir notre univers et nos esprits à tout moment.
Hodgson croit à la possibilité de matérialisation de ces Monstruosités et il cherche à les détruire. Lueur d'espoir ? Bien maigre, certes, mais elle existe, surtout lorsqu'elle porte le nom de Carnacki, le traqueur de fantômes !
Carnacki affronte sans cesse des forces psychiques redoutables. En cela il fait partie des « Sherlock Holmes du Surnaturel » ! Il combat le surnaturel par des moyens naturels. Il se signale par son laconisme et par l'économie de ses gestes et de ses actes. D'où Carnacki tire-t-il sa connaissance, sa science, ses références ? Nous ne le saurons jamais. Mais le personnage de Carnacki est assez fort, dans sa présence énigmatique, et pourtant évidente, pour s'imposer à nous et pour nous fasciner ».
François Truchaud (Préface)
William Hope Hodgson (1875-1918) était le fils d'un pasteur du comté d'Essex. Très jeune, il quitte sa famille et navigue pendant huit ans. Ces années marquèrent profondément son imagination créatrice. Il vivait en France quand la Première Guerre Mondiale éclata. Il retourna en Angleterre pour s'enrôler dans l'armée. Envoyé sur le front comme officier d'artillerie, il fut tué par un éclat d'obus à la fin de la guerre. Il est l'auteur de quatre célèbres romans, de trois recueils de nouvelles et de deux recueils de poèmes. Six de ses livres ont été publiés en France : La maison au bord du monde, Les pirates fantômes (Le Livre de Poche), Le Pays de la Nuit (Opta/CLA), La chose dans les algues, Les Canots du « Glen Carrig » (ces deux derniers volumes dans cette même collection) et enfin Carnacki et les fantômes.
1 - François TRUCHAUD, Hodgson ou la quête du surnaturel, pages 9 à 12, préface 2 - La Porte (The Gateway of the Monster, 1910), pages 13 à 45, nouvelle, trad. François TRUCHAUD 3 - La Maison parmi les lauriers (The House Among the Laurels, 1910), pages 46 à 76, nouvelle, trad. François TRUCHAUD 4 - La Chambre qui sifflait (The Whistling Room, 1947), pages 77 à 104, nouvelle, trad. François TRUCHAUD 5 - Le Mystère de la maison hantée (The Searcher of the End House, 1910), pages 105 à 147, nouvelle, trad. François TRUCHAUD 6 - Le Cheval de l'invisible (The Horse of the Invisible, 1910), pages 148 à 189, nouvelle, trad. François TRUCHAUD 7 - Le Jarvee (The Haunted Jarvee / The Haunted "Jarvee", 1929), pages 190 à 218, nouvelle, trad. François TRUCHAUD 8 - Le Verrat (The Hog, 1947), pages 219 à 283, nouvelle, trad. François TRUCHAUD
Sept enquêtes, par ce personnage hautement improbable mais stéréotypé qu'est le « chasseur de fantômes ». Des points forts : la manière aisée de mener chaque récit et la « représentation » des démons, à qui l'auteur se garde de donner une apparence charnelle, évitant ainsi le ridicule des bestioles à la Lovecraft ; au contraire on reste dans l'indicible, les bruits (claquements de portes, grognements), les altérations de la perception (plancher qui se gondole), les odeurs ; en un cas, Hodgson se permet même le luxe de conclure l'enquête par un constat de mystification. Mais beaucoup de points faibles : le schéma trop répétitif des histoires, l'insistance à vouloir rationnaliser ces chasses à l'irrationnel par tout un attirail scientifique (flashes au magnésium, combinaison de caoutchouc, pentacle électrique) que Carnacki déploie chaque fois avec une profusion de détails inutiles, le fait de se trouver devant une série racontée à la première personne, ce qui enlève toute crainte quant au sort du héros... Il y aura n'en doutons pas de nombreux fans de Hodgson et autres amateurs de fantastique qui crieront au chef-d'œuvre devant ces histoires (originellement publiées en recueil en 1913). Mais l'auteur de cette notice n'a pas pu aller au-delà d'un ennui distingué et d'une condescendance amusée. Il s'en excuse en toute humilité.