Aldous HUXLEY Titre original : Brave New World, 1932 Première parution : Londres, Royaume-Uni : Chatto & Windus, 1932ISFDB Traduction de Jules CASTIER Illustration de Wojtek SIUDMAK
POCKET
(Paris, France), coll. Littérature - Best n° 1438 Dépôt légal : 1er trimestre 1977, Achevé d'imprimer : juillet 1998 Retirage Roman, 288 pages, catégorie / prix : 3 ISBN : 2-266-02310-1 Format : 11,0 x 17,8 cm✅ Genre : Science-Fiction
Défi, réquisitoire, utopie, ce livre mondialement célèbre, chef-d'oeuvre de la littérature d'anticipation, a fait d'Aldous Huxley l'un des témoins les plus lucides de notre temps.
« Aujourd'hui, devait écrire l'auteur près de vingt ans après la parution de son livre, il semble pratiquement possible que cette horreur s'abatte sur nous dans le délai d'un siècle. Du moins, si nous nous abstenons d'ici là de nous faire sauter en miettes... Nous n'avons le choix qu'entre deux solutions : ou bien un certain nombre de totalitarismes nationaux, militarisés, ayant comme racine la terreur de la bombe atomique, et comme conséquence la destruction de la civilisation (ou, si la guerre est limitée, la perpétuation du militarisme) ; ou bien un seul totalitarisme supranational, suscité par le chaos social résultant du progrès technologique. »
1 - Préface nouvelle de l'auteur (1946), pages 7 à 18, préface, trad. Jules CASTIER 2 - Préface à l'édition française, pages 19 à 20, préface, trad. Jules CASTIER
Écrit en 1931 et publié (et traduit) en 1932, Le Meilleur des mondes est, avec le 1984 de George Orwell, l’un des deux romans de science-fiction devenus si classiques que l’on oublie facilement qu’ils relèvent du genre ou que l’on considère ironiquement qu’ils sont « plus que de la S-F ».
Si Orwell, s’inspirant des dictatures fascistes et staliniennes, imagine avant tout un peuple écrasé par un pouvoir politique totalitaire, Huxley, lui, décrit plutôt un monde s’appuyant sur des dogmes scientifiques. Procréation artificielle, production et classification de la population en fonction de leur capital génétique, mise au ban de la société de celles et ceux qui veulent vivre et se reproduire naturellement, c’est une population faussement libre que nous dépeint l’auteur, où tout hasard, toute réaction sentimentale ont été supprimés.
Quatre-vingt dix ans après, Le Meilleur des mondes est toujours, voire plus, pertinent. Cette dystopie tranquille ne s’est pas éloignée de nous, au contraire. Cette société rationalisée, où tout est fait pour augmenter la consommation et ainsi garantir une croissance constante, où les classes sociales, loin d’avoir disparues, sont maintenant créées génétiquement, doit certainement faire rêver quelques libertariens, comme elle faisait rêver d’autres individus du temps d’Huxley (on peut par exemple lire Les Condamnés à mort (1920) de Claude Farrère dont l’organisation de la société et son darwinisme social semblent fasciner l’auteur). Quant à son discours sur la natalité, on ne peut que sourire jaune en entendant actuellement des paroles gouvernementales sur la lutte contre l’infertilité et la relance de la natalité.
Terminons par un mot sur cette nouvelle traduction. Si 1984 est un texte rempli de termes et de slogans d’un importance cruciale, rendant difficile toute variation par rapport à la première traduction (impensable par exemple de rendre autrement « la guerre c’est la paix »), ce n’est pas le cas du Meilleur des mondes. Cette nouvelle version, que la traductrice Josée Kamoun justifie dans la postface, passe donc très bien, enlevant quelques expressions désuètes, et ne fait que renforcer la pertinence et l’actualité de ce chef-d’œuvre.
Adaptations (cinéma, télévision, BD, théâtre, radio, jeu vidéo...)Brave New World
, 1980, Burt Brinckerhoff (Téléfilm) Brave New World
, 1998, Leslie Libman & Larry Williams (Téléfilm) Brave New World
, 2020, Grant Morrison, Brian Taylor, David Wiener (Série)