« CES MOTS VOLENT SUR LA MER COMME DES OISEAUX FUNÈBRES »

     Abandonne toute espérance, toi qui, d’un pas gaillard, attaques les degrés chancelants de la coupée et rêves déjà de rencontres, d’horizons, de tangages et de bastingages. De cette Croisière des ombres, si tu en réchappes, tu ne reviendras pas intact ! Sur le Jean Ray, c’est la mort qui barre, la terreur qui sert de boussole, le néant qui tient lieu de cap et les gouffres amers de la solitude qui sont l’unique destination.

     Paru en 1931, comptant sept nouvelles, accompagnées ici de onze proses rares jamais reprises en recueil, La croisière des ombres offre quelques-uns des récits les plus célèbres du patron de Port-Angoisse : La ruelle ténébreuse, Le psautier de Mayence, ce Bout de la rue où guettent d’innommables hideurs et cette Présence horrifiante d’une épouvante impalpablement suffocante. Mais, la sirène retentit ! Le livre appareille vers le noir absolu. Laissons flotter, toute raison désarrimée, notre « paille de bon sens » sur l'ample houle des ténèbres !