POCKET
(Paris, France), coll. Le Grand Temple de la S-F n° 5071 Dépôt légal : juin 1988, Achevé d'imprimer : 10 juin 1988 Recueil de nouvelles, 320 pages, catégorie / prix : 5 ISBN : 2-266-02344-6 Format : 10,8 x 17,8 cm✅ Genre : Science-Fiction
Déferlement cosmique, génie visionnaire, imagination illimitée : la force de frappe d'A.E. Van Vogt s'impose à son lecteur en quelques lignes. Nul n'a mieux évoqué la vigueur élémentaire du monstre qui rôde, la folle espérance de l'enfant qui désire, la passion sans frein du surhomme à l'état naissant. Son héros est à l'écoute du monde, pénétré de son mystère, incertain de clarifier tout ce qui est obscur autour de lui. Accusé, pourchassé, manipulé par des forces mystérieuses, perdu dans un labyrinthe sans fin, rongé par le doute, il sacrifie son identité, sa vie même, pour renaître plus fort et plus conscient — plus armé, donc plus libre. L'humanité en proie à la folie est au bord du désastre. Elle a besoin d'un sauveur : ce sera lui.
Ce n'est pas fréquent dans la science-fiction — ni ailleurs — un auteur qui dépasse tous ses personnages de la tête et des épaules. C'est le cas de van Vogt. Ce qui n'empêche pas l'œuvre entière de le dépasser à son tour merveilleusement.
Ainsi, il n'est pas étonnant que le texte le plus passionnant de ce recueil soit l'excellente préface de Patrice Duvic, avec ce titre un peu moqueur : Self-made Superman. Un léger reproche : on aimerait en savoir davantage sur les rapports de van Vogt avec Ron Hubbard, le créateur de la Scientologie.
Les nouvelles m'ont paru assez bonnes ; mais aucune ne justifie la réputation de l'auteur. Comme celles qui ont été publiées en France ont connu une très large diffusion, l'anthologiste a voulu réunir ici un maximum d'œuvres inédites et récentes (plus des trois quarts). Mais celles-ci ne sont peut-être pas totalement représentatives de l'œuvre d'un géant de la science-fiction, qui d'ailleurs déploie mieux son talent dans le roman. Quoi qu'il en soit, ces histoires ne sont jamais ennuyeuses.
La meilleure est sans doute la dernière : Jane et les androïdes (un texte quasi dickien !). Le premier Rull, rattaché à un titre fameux, est un peu décevante. Le détective non-A est assez excitante pour qui s'intéresse à la logique de Korzybski...
Au total, un « Livre d'Or » qui, sans se classer parmi les meilleurs de la série, ne la dépare nullement.