J'AI LU
(Paris, France), coll. Science-Fiction (2001 - 2007) n° 8112 Dépôt légal : août 2006 Première édition Recueil de nouvelles, 864 pages, catégorie / prix : R ISBN : 2-290-35422-8 Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
Totalement inédit, ce dernier des quatre tomes rassemblant les nouvelles les plus significatives d'une œuvre qui en compte près d'un millier — choisies et présentées par Robert Silverberg — couvre la période comprise entre 1988 et 1997. Cette période, qui a vu l'ensemble de la production littéraire et audiovisuelle de science-fiction sortir de son ghetto, est celle d'un certain aboutissement pour Robert Silverberg, moins prolifique en textes courts que par le passe. Il avoue avoir « rédigé plus de nouvelles durant les six premiers mois de l'année 1957 qu'au cours de la dernière décennie. » Mais a-t-on déjà reproché aux diamants leur rareté ?
Robert SILVERBERG
Né en 1935, extraordinairement prolifique sur le double plan de la quantité et de la qualité, il fut quatre fois lauréat du prix Nebula et cinq fois du prix Hugo. Avec la présente série de recueils, « manière d'autobiographie par le détour de la fiction », on pourra non seulement suivre le parcours d'une légende vivante du domaine, mais aussi revisiter sous un angle original l'histoire de toute la science-fiction moderne.
1 - Introduction, pages 7 à 10, introduction, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 2 - La Maison en os (House of Bones, 1988), pages 11 à 40, nouvelle, trad. Jacques CHAMBON 3 - Le Regard du mort (The Dead Man's Eyes, 1988), pages 41 à 60, nouvelle, trad. Frédéric LASAYGUES rév. Pierre-Paul DURASTANTI 4 - Chip Runner (Chip Runner, 1989), pages 61 à 82, nouvelle, trad. Laurence LE MAIRE rév. Pierre-Paul DURASTANTI 5 - Vers la Terre promise (To the Promised Land, 1989), pages 83 à 114, nouvelle, trad. Jean-Marc CHAMBON 6 - La Solution d'Asenion (The Asenion Solution, 1989), pages 115 à 138, nouvelle, trad. Jacques MARTINACHE rév. Pierre-Paul DURASTANTI 7 - Le Sommeil et l'oubli (A Sleep and a Forgetting, 1989), pages 139 à 168, nouvelle, trad. Hélène COLLON 8 - Entre un soldat, puis un autre (Enter a Soldier. Later: Enter Another, 1989), pages 169 à 224, nouvelle, trad. Hélène COLLON 9 - Voués aux ténèbres (We Are for the Dark, 1988), pages 225 à 317, nouvelle, trad. Jacques CHAMBON 10 - Tombouctou à l'heure du lion (Lion time in Timbuctoo, 1990), pages 319 à 409, nouvelle, trad. Hélène COLLON 11 - Rien ne sert de courir (A Tip on a Turtle, 1991), pages 411 à 441, nouvelle, trad. Frédéric LASAYGUES rév. Pierre-Paul DURASTANTI 12 - La Zone des clones (In the Clone Zone, 1991), pages 443 à 471, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 13 - Chasseurs en forêt (Hunters in the Forest, 1991), pages 473 à 491, nouvelle, trad. Frédéric LASAYGUES rév. Pierre-Paul DURASTANTI 14 - Longue nuit de veille au temple (A Long Night's Vigil at the Temple, 1992), pages 493 à 526, nouvelle, trad. Hélène COLLON 15 - Va et vient (It Comes and Goes, 1992), pages 527 à 551, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI & Lionel ÉVRARD 16 - Jouvence (Looking for the Fountain, 1992), pages 553 à 580, nouvelle, trad. Jean-Pierre PUGI 17 - La Route de Spectre city (The Way to Spook City, 1992), pages 581 à 651, nouvelle, trad. Hélène COLLON 18 - Ce rouge éclat est le matin (The Red Blaze Is the Morning, 1995), pages 653 à 682, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 19 - Jusqu'à ce que la mort nous sépare (Death do us part, 1996), pages 683 à 708, nouvelle, trad. Thomas BAUDURET rév. Pierre-Paul DURASTANTI 20 - Carnets d'Henri James - Récit de l'invasion martienne (The Martian Invasion. Journals of Henry James, 1996), pages 709 à 741, nouvelle, trad. Hélène COLLON 21 - La Venue de l'empire (Crossing into the Empire, 1996), pages 742 à 773, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 22 - Le Deuxième bouclier (The Second Shield, 1995), pages 775 à 794, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 23 - Diane aux cents seins (Diana of the Hundred Breasts, 1996), pages 795 à 825, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 24 - Mon nom est Titan (Call Me Titan, 1997), pages 827 à 854, nouvelle, trad. Laurence LE MAIRE rév. Pierre-Paul DURASTANTI 25 - (non mentionné), Bibliographie, pages 855 à 859, bibliographie
Mon nom est Titan clôt la sélection raisonnée des nouvelles de Robert Silverberg entamée par Jacques Chambon dans la collection « Imagine », chez Flammarion, et achevée ici, chez J'ai Lu, par un Pierre-Paul Durastanti non crédité (la sélection initiale de Chambon et Silverberg prévoyait cinq volumes, le dernier ayant finalement été publié chez Folio « SF » sous la forme de deux recueils distincts : En un autre pays et Né avec les morts). Les commentaires qui accompagnent les 23 nouvelles du volume J'ai Lu permettent de mieux comprendre comment Silverberg gère à présent sa carrière : un roman annuel durant la saison des pluies, quelques nouvelles, souvent de commande, pour des supports payant bien, voire mieux que ça, le plus souvent inspirées de voyages touristiques et culturels. La plupart des commentaires en question ont vraisemblablement été rédigés pour les recueils dont provient l'essentiel de ces textes, et n'ont pas été relus : c'est pourquoi on trouve à deux reprises des considérations sur les univers partagés, propos que l'on trouvera à nouveau dans le recueil chez Folio. C'est un peu lassant.
Les thèmes récurrents sont les voyages temporels et les uchronies basées sur les périodes historiques préférées de l'auteur : Rome (avec une nouvelle appartenant au cycle « Romae æterna »), Byzance, les empires d'une manière générale et les grands conquérants de l'Antiquité. Ainsi, une fréquence radio met un linguiste en relation avec un univers parallèle où Genghis Khan, enlevé et élevé par les chrétiens, ne devient le sanguinaire qu'on sait que grâce à ses conseils (« Le Sommeil et l'oubli »). Ailleurs, des voyageurs temporels vendent dans le passé des objets très convoités (« La Venue de l'empire »). L'informatique, que Silverberg ne goûte guère, permet de créer des entités virtuelles très proches de leurs modèles historiques, ce qui génère une passionnante discussion entre Socrate et Pizarre (« Entre un soldat, puis un autre »).
On se déplace donc davantage dans le temps que dans l'espace, même si l'on trouve ça et là des extraterrestres, envahisseurs wellsiens ici décrits par Henri James, pacifistes venus éviter une guerre nucléaire (« Tombouctou, à l'heure du lion »), ou occupants d'une zone des USA que des humains fréquentent toutefois (« La Route de Spectre city », un très beau texte sur la tolérance et l'altérité).
Quelques rares nouvelles renouent avec la surprise et l'étonnement propres à la S-F : « Le Deuxième Bouclier » met en scène un sculpteur qui concrétise ses rêves mais se trouve incapable de rêver sur commande la pièce qu'on attend de lui.
Silverberg a du métier : ses histoires tiennent le lecteur en haleine. Aucune n'est cependant captivante, faute d'originalité, du moins d'idée forte. La prospective et le vertige spéculatif sont remplacés par le plaisir de spirituelles conversations au bord du chemin. Le guide de ces flâneries est des plus agréables, mais ses propos restent peu en mémoire. Bref, la passion n'est plus là. Restent le charme et l'élégance, la bonne compagnie d'une homme fort cultivé, et c'est déjà beaucoup.
Notes :
1. La partie de la chronique portant spécifiquement sur En un autre pays n'est pas reproduite ici. [note de nooSFere]