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Dimension Philip K. Dick

ANTHOLOGIE

Textes réunis par Richard COMBALLOT


Illustration de Oliver PERU

BLACK COAT PRESS (Encino, États-Unis), coll. Rivière Blanche - Fusée n° 4
Dépôt légal : mai 2008, Achevé d'imprimer : mai 2008
Anthologie, 252 pages, catégorie / prix : 17 €
ISBN : 978-1-934543-16-0
Format : 12,8 x 20,3 cm
Genre : Science-Fiction

La nouvelle "707 Hacienda Way" fut publiée dans une version différente, et sous la seule plume de Laurent Queyssi, en 1999.



Quatrième de couverture

Anthologie-hommage à Philip K. Dick présentée par Richard Comballot. Textes de Bruno Lecigne, Jean-Pierre Hubert, Pierre Stolze, Daniel Walther, Xavier Mauméjean, Richard Canal, Alain Dartevelle, Laurent Queyssi, Ugo Bellagamba, Jean-Pierre Vernay, Philippe Curval, Johan Héliot et Jacques Barbéri.

Si de nombreux auteurs de science-fiction reconnaissent régulièrement leur dette envers le géant des lettres américaines mort en 1982 et l'ont à l'occasion salué, aucun recueil de nouvelles n'avait, jusqu'ici, été publié pour souligner l'influence profonde exercée par celui-ci sur ses homologues français.
Le mal est désormais réparé.

Des réalités truquées de Palmer Eldritch aux androïdes de Blade Runner, du monde d'Ubik à celui du Haut-Château... les quatorze nouvelles de DIMENSION PHILIP K. DICK apportent un éclairage inédit sur une œuvre et une vie hors du commun.

Richard Comballot est l'auteur de nombreuses anthologies, parmi lesquelles Les Ombres de Peter Pan et Elric et la Porte des Mondes. Il a en outre rassemblé des recueils de Serge Brussolo, Maurice G. Dantec, Michel Jeury ou Jacques Barbéri et a publié une monographie sur Philippe Caza.

Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Richard COMBALLOT, Avant-propos, pages 5 à 7, introduction
2 - Xavier MAUMÉJEAN, Je pense donc je flippe, pages 9 à 13, préface
3 - Bruno LECIGNE, Le Dieu venu du néant, pages 15 à 51, nouvelle
4 - Jean-Pierre HUBERT, Substance 82, pages 53 à 65, nouvelle
5 - Pierre STOLZE, Glissement de temps sur Manhattan, pages 67 à 79, nouvelle
6 - Daniel WALTHER, Les Oubliettes du Haut-Château, pages 81 à 90, nouvelle
7 - Xavier MAUMÉJEAN, Dankon-club, pages 91 à 110, nouvelle
8 - Richard CANAL, Les Clones rêvent-ils de Dolly ?, pages 111 à 124, nouvelle
9 - Alain DARTEVELLE, Fictif K. Dick, pages 125 à 134, nouvelle
10 - Ugo BELLAGAMBA & Laurent QUEYSSI, 707 Hacienda Way, pages 135 à 146, nouvelle
11 - Jean-Pierre VERNAY, Parce que mon nom est légion, pages 147 à 160, nouvelle
12 - Philippe CURVAL, Malédicktion, pages 161 à 176, nouvelle
13 - Johan HELIOT, La Dernière valse de Philip K., pages 177 à 188, nouvelle
14 - Alain DARTEVELLE, La Déesse venue du froid, pages 189 à 198, nouvelle
15 - Ugo BELLAGAMBA & Laurent QUEYSSI, Le Syndrome de la chouette en plein jour, pages 199 à 219, nouvelle
16 - Jacques BARBÉRI, Les Amants du paradis artificiel, pages 221 à 245, nouvelle
Critiques
     L'anthologie est un art difficile dans lequel Richard Comballot s'est taillé une solide réputation ces dernières années. Les lecteurs des ouvrages parus chez Mnémos (Icares 2004, Mission Alice, Les Ombres de Peter Pan et La Machine à remonter les rêves) et ceux du recueil édité au Fleuve noir (Elric et la porte des mondes) pourront sans doute en témoigner. Dimension Philip K. Dick semble s'inscrire dans cette continuité. Pourtant, le projet est beaucoup plus ancien car, comme Richard Comballot le confie dans l'avant-propos de ce recueil, celui-ci remonte à 2002. Et puis, ce n'est pas ici une créature littéraire mais bien le créateur qui figure au cœur du projet. C'est à l'issue d'un accouchement qui s'est accompli non sans douleur que, finalement, celui-ci voit le jour chez le petit éditeur Rivière Blanche. En effet, paradoxalement, l'intérêt des éditeurs pour un recueil en forme d'hommage à Philip K. Dick a été inversement proportionnel à l'attrait que l'auteur états-unien représente désormais auprès des producteurs de cinéma. Pourtant qui peut nier, sans faire preuve d'une mauvaise foi absolue, l'influence que l'écrivain californien a eu sur bon nombre d'auteurs francophones, toutes générations confondues, comme le démontre le sommaire de cette anthologie ? Qui peut minorer l'aura qui émane toujours de son œuvre ?

     Commençons par les textes les moins convaincants de l'ouvrage. Avec « Le Dieu venu du néant », Bruno Lecigne propose un texte qui se veut vif, humoristique et ultra référencé, et qui s'avère au final lourd, surchargé et aussi drôle qu'un sketch de Benny Hill. Avis aux amateurs. Ça ne s'améliore pas avec « Les Oubliettes du Haut-Château » de Daniel Walter. La nouvelle met en scène Philip K. Dick himself dans le contexte uchronique de sa seule œuvre primée : Le Maître du Haut-Château. Pour faire court, disons qu'on s'y ennuie ferme et que le texte aurait mérité de finir dans un cul de basse fosse. « Dankon-club » de Xavier Mauméjean confronte le privé Deckard à Philip K. Dick au cours d'une enquête qui fait appel à la mémétique. Au passage, on est heureux d'apprendre que cette nouvelle a servi de matrice à la novella Poids mort, car celle-ci s'avère aussi poussive que le texte paru aux éditions du Rocher. Fort heureusement, Xavier Mauméjean commet aussi une préface réjouissante (intitulée « Je pense donc je flippe »). Rédigée à la manière d'une dissertation de philosophie, elle introduit un parallèle entre l'œuvre de Dick et le philosophe Descartes. Enfin, « Malédicktion », la nouvelle de Philippe Curval, échappe de justesse au couperet. La narration est pénible et laborieuse mais le dénouement très ubikien rachète l'ensemble.

     Toutefois, ces textes ne sont que quelques exceptions dans un ensemble qui brille surtout pour sa haute tenue. A ce propos, la majorité des nouvelles échappent à la tentation du pastiche obséquieux ou de l'exercice de style besogneux. En fait, on a vraiment le sentiment que les différents auteurs se sont emparés pour leur propre compte des thèmes dickiens (qu'est-ce qui définit la réalité ? qu'est-ce qui définit l'humain ?). On constate qu'ils se sont plongés avec plaisir dans la mythologie intime de Dick. Au pire, le contrat est rempli sans panache ; ici je pense à « Les Clones rêvent-ils de Dolly ? » de Richard Canal, ou à « Parce que mon nom est légion » de Jean-Pierre Vernay. Au mieux, le résultat est touchant, voire bouleversant, et l'hommage rendu à Dick emprunt d'une sincérité rafraîchissante. Dans le lot, c'est sans aucun conteste le regretté Jean-Pierre Hubert qui tire le mieux son épingle du jeu. « Substance 82 » est un excellent récit dont l'ambiance paranoïaque et pimentée d'une pointe d'humour noir convient idéalement au propos. Dans un autre registre, Alain Dartevelle nous livre deux très belles nouvelles qui empruntent à la fois à la biographie de l'auteur états-unien et à son œuvre. Le dosage entre ces deux éléments est une vraie réussite. Sur un sujet géopolitique sensible (les attentats contre le World Trade Center), Claude Ecken propose, avec « Glissement de temps sur Manhattan », le récit de sa rencontre avec Dick, le 11 septembre 2001. A moins que le WTC ne soit le point focal d'une réalité fluctuante qui échappe à l'auteur lui-même... De son côté, le duo Laurent Queyssi, Ugo Bellagamba, imagine deux uchronies qui sont des réussites tant au point de vue de la justesse du ton que de la narration. Avec « 707 Hacienda way », Laurent Queyssi nous rapporte la rencontre d'un journaliste avec son idole : l'écrivain Jane Dick. Au cours de l'entretien, le fan aborde une question qui lui tient à cœur : quels sont les mécanismes qui ont présidé à l'écriture de son œuvre la plus connue, La Maîtresse du Haut-Château. Est-ce le Yi-King ? Le hasard ? Un coup de bluff ? Et si celle-ci avait été inspirée par son frère défunt : Philip ? La réponse, si elle n'est évidemment pas nette, vaut surtout pour la charge émotive qu'elle suscite. Avec « Le Syndrome de la chouette en plein jour » (dont le titre s'inspire du roman inachevé de Dick), Ugo Bellagamba imagine que l'écrivain n'est pas mort en 1982. Après une courte convalescence, celui-ci s'est retiré dans le Massif Central et a coupé tous les ponts avec le milieu de la S-F et la célébrité. Jusqu'au jour où un jeune fan, qui ressemble à un hybride de Laurent Queyssi et de Ugo Bellagamba, vient lui soumettre un projet de coécriture. La réponse imaginée est tout à fait malicieuse. Pour sa part, Johan Heliot brode avec « La Dernière valse de Philip K. Dick » un hommage qui s'inspire de Dr Bloodmoney. Une fois de plus, sa nouvelle est exemplaire pour sa sobriété et, ce qui ne gâche rien, il se permet même d'inviter en guest stars Stanislaw Lem, K.W. Jeter, Tim Powers et Harlan Ellison. Terminons enfin avec la nouvelle de Jacques Barbéri. Un texte déjanté, lu et relu dans Bifrost et le recueil L'Homme qui parlait aux araignées, mais dont on ne se lasse pas de la dinguerie.

     Dimension Philip K. Dick est donc une anthologie tout à fait recommandable. Un recueil sympathique qui recèle quelques vraies pépites. Un ouvrage que l'on se doit de conseiller sur le champ à tout lecteur averti de Philip K. Dick.

Laurent LELEU
Première parution : 1/10/2008 dans Bifrost 52
Mise en ligne le : 24/9/2010

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