ARGYLL
(Rennes, France) Date de parution : 3 février 2022 Dépôt légal : février 2022, Achevé d'imprimer : 4ème trimestre 2021 Première édition Recueil de nouvelles, 416 pages, catégorie / prix : 22.90 € ISBN : 978-2-492403-34-7 Format : 15,0 x 21,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
« Un des plus subtils nouvellistes du XXe siècle. »
Christopher Priest, auteur du roman Le Prestige
Voici venir le temps des retrouvailles avec un auteur qui, à l’instar de son compatriote Philip K. Dick, aura été de son vivant plus apprécié en France que dans son propre pays, la faute à une œuvre singulière et sans concession, souvent incomprise. Toutefois, la comparaison entre ces deux géants s’arrête là : les textes de Robert Sheckley sont drôles et mettent en jeu des personnages qui se débattent pour survivre à des situations absurdes. Avec l’humour féroce et moqueur qui constitue sa marque de fabrique, l’auteur y déploie autant de visions à la fois lucides et déformées de notre réalité et des étranges êtres qui la peuplent.
Le cinéma international ne s’y est d’ailleurs pas trompé, l’adaptant à de multiples reprises : aux États-Unis (Freejack, Geoff Murphy, 1992), en France (Le Prix du danger, Yves Boisset, 1983) ou encore en Italie (La dixième Victime, Elio Petri, 1965).
Le présent recueil regroupe treize textes publiés entre 1953 et 1960 - la meilleure période de l'auteur selon certains. Et soyons honnêtes : si Sheckley fait moins rire aujourd'hui, c’est moins la pertinence de ses textes qui est en cause que les dérives de notre propre monde. Comment, en effet, ne pas tomber sous le charme d’un auteur qui imagine en 1958 les dérives de la télé-réalité ?
Que l’on connaisse Robert Sheckley à travers ses collaborations avec Roger Zelazny (Apportez-moi la tête du Prince charmant), par ses romans (La Dimension des miracles, Omega) ou par les adaptations au cinéma de son œuvre (Le Prix du danger), l’écrivain fait partie des grands noms classiques de la science-fiction — mais un grand nom un brin tombé dans l’oubli des éditeurs. La jeune maison d’édition Argyll a choisi de le remettre à l’honneur pour inaugurer sa deuxième année d’existence avec Le Temps des retrouvailles , recueil rassemblant treize nouvelles de l’auteur écrites entre 1952 et 1960. Que l’on se rassure, ce ne sont pas du tout des vieilleries, même si le paternalisme des personnages masculins a parfois un caractère suranné, ce qui leur joue des tours. Toutes ces nouvelles ont déjà été publiées en France, et ont bénéficié d’un toilettage de traduction.
Comment caractériser Robert Sheckley ? Les nouvelles de ce recueil vous y aideront avec leur humour parfois grinçant, leurs retournements et leurs quiproquos, mais également leurs réflexions sur la destinée opposée au libre arbitre. Certaines, comme « Permis de Maraude », sont légères et optimistes, d’autres, comme « Tu brûles » ou « La Mission du Quedak », flirtent avec l’horreur. D’autres enfin, tel « Le Temps des retrouvailles », sont empreintes d’une bonne dose de mélancolie. Bref, il serait possible de les commenter toutes une par une, mais ce serait gâcher une bonne partie du plaisir de la lecture. Sachez juste que ces textes vont aborder tous les grands thèmes de l’âge d’or de la science-fiction : premier contact (que celui-ci ait lieu sur Terre ou dans l’espace), voyage dans le temps, dystopie, choc de civilisations, menace de guerre imminente, etc. Et que l’auteur arrivera à chaque fois à vous surprendre par la structure de son récit ou par sa conclusion. À l’exception, peut-être, de la nouvelle ouvrant le recueil, « Le Prix du danger », dont la trame a inspiré le film d’Yves Boisset avec Gérard Lanvin, et qui n’égale pas la puissance politique du long-métrage français. Le seul autre bémol ici est la postface de Marc Thivollet, à l’origine préface à Les Univers de Robert Sheckley, recueil paru en 1972 chez OPTA, et qui fait donc référence à des nouvelles absentes du présent ouvrage – frustrant, et de quoi terminer sur une note acide une lecture pour le reste très agréable.