GALLIMARD
(Paris, France), coll. Quarto Date de parution : 8 octobre 2020 Dépôt légal : octobre 2020, Achevé d'imprimer : septembre 2020 Réédition Recueil de nouvelles, 1184 pages, catégorie / prix : 27 € ISBN : 978-2-07-285873-4 Format : 14,0 x 20,5 cm✅ Genre : Science-Fiction
Maître incontesté de la science-fiction, auteur de chefs-d'œuvre tels que Ubik, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? , récompensé par le prix Hugo en 1963 pour Le Maître du Haut Château, Philip K. Dick (1928-1982) a imprimé ses propres visions dans l'imaginaire de son public, de ses pairs et des cinéastes (Blade Runner, Total Recall, Minority Report).
Psychologiquement fragile, hanté par la mort de sa sœur jumelle, par la guerre froide et la menace atomique, il a trouvé dans la science-fiction le moyen d'exprimer ses propres obsessions, sa défiance vis-à-vis du monde qui l'entoure. Lecteur assidu des pulps pendant sa jeunesse, amateur de littérature classique et de philosophie, Philip K. Dick propose très tôt une autre vision de la science-fiction et de la fantasy, loin de l'imagerie des space opera d'alors... Par un recours aux topoï du genre (guerres spatiales, robots menaçants...), au trompe-l'œil de mondes parallèles, superposés ou truqués, Dick n'a cessé de questionner la réalité, le présent et le futur, en suivant les évolutions historiques et sociétales des Etats-Unis, dont il dévoilera la face sombre avec une incroyable acuité.
Rédigées à partir de 1947, parfois à un rythme frénétique, les nouvelles jouent un rôle essentiel dans la construction dickienne : véritable laboratoire d'idées, de formats, réservoir de personnages et de néologismes, elles constituent à la fois les soubassements et la pierre angulaire d'une œuvre foisonnante (cent vingt nouvelles et quarante-cinq romans).
Au tome II de cette édition, les nouvelles composées entre 1954 et 1981 reflètent toute la singularité du processus créatif de l'auteur, tiraillé entre le succès de ses récits de science-fiction et l'échec cuisant de ses romans de littérature générale. Si les textes brefs servent toujours de terrain d'exploration, ils témoignent aussi de l'évolution de son écriture, de la construction maîtrisée du récit et des dialogues, et composent une œuvre à part entière dont l'aura dépasse aujourd'hui la seule littérature.
1 - Laurent QUEYSSI, Le Doigt sur le pouls de l'Amérique : Dick nouvelliste, pages 11 à 26, préface 2 - Laurent QUEYSSI, Deuxième et troisième mouvements : nouvelles (1954-1981), pages 26 à 35, préface 3 - Laurent QUEYSSI, Note sur l'édition, pages 36 à 38, notes 4 - Laurent QUEYSSI, Philip K. Dick vie et œuvre (1981), pages 39 à 126, article 5 - Copies non conformes (Pay for the Printer, 1956), pages 129 à 145, nouvelle, trad. Marcel THAON rév. Hélène COLLON 6 - L'Ancien combattant (War Veteran, 1955), pages 146 à 188, nouvelle, trad. Hélène COLLON 7 - Là où il y a de l'hygiène... (The Chromium Fence, 1955), pages 189 à 203, nouvelle, trad. Hélène COLLON 8 - Question de méthode (Misadjustment, 1957), pages 204 à 221, nouvelle, trad. Marcel THAON rév. Hélène COLLON 9 - Un monde de talents (Autofac, 1955), pages 222 à 260, nouvelle, trad. Marcel BATTIN rév. Hélène COLLON 10 - Consultation externe (Psi-Man Heal My Child!, 1955), pages 261 à 283, nouvelle, trad. Hélène COLLON 11 - Autofab (Autofac, 1955), pages 284 à 308, nouvelle, trad. Daphné HALIN rév. Hélène COLLON 12 - Visite d'entretien (Service Call, 1955), pages 309 à 326, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX rév. Hélène COLLON 13 - Marché captif (A World of Talents, 1954), pages 327 à 343, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX rév. Hélène COLLON 14 - À l'image de Yancy (The Mold of Yancy, 1955), pages 344 à 364, nouvelle, trad. Jean-Pierre PUGI rév. Hélène COLLON 15 - Rapport minoritaire (What the dead men say, 1964), pages 365 à 401, nouvelle, trad. Mary ROSENTHAL rév. Hélène COLLON 16 - Phobie or not phobie (Recall Mechanism, 1959), pages 402 à 417, nouvelle, trad. Marcel THAON rév. Hélène COLLON 17 - Machination (The Unreconstructed M, 1957), pages 418 à 454, nouvelle, trad. Jean-Pierre PUGI rév. Hélène COLLON 18 - Le Retour des explorateurs (Explorers We, 1959), pages 455 à 464, nouvelle, trad. Emmanuel JOUANNE rév. Hélène COLLON 19 - Un jeu guerrier (War Game, 1959), pages 465 à 480, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX rév. Hélène COLLON 20 - Si Benny Cemoli n'existait pas... (If There Were No Benny Cemoli, 1963), pages 483 à 502, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH rév. Hélène COLLON 21 - Un numéro inédit (Novelty Act, 1964), pages 503 à 530, nouvelle, trad. Emmanuel JOUANNE rév. Hélène COLLON 22 - Projet Argyronète (Waterspider, 1964), pages 531 à 563, nouvelle, trad. Michel DEMUTH rév. Hélène COLLON 23 - Ce que disent les morts (The Crawlers, 1954), pages 564 à 614, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX rév. Hélène COLLON 24 - L'Orphée aux pieds d'argile (Orpheus with Clay Feet, 1987), pages 615 à 628, nouvelle, trad. Emmanuel JOUANNE rév. Hélène COLLON 25 - Au temps de Poupée Pat (The Days of Perky Pat, 1963), pages 629 à 652, nouvelle, trad. Marcel THAON rév. Hélène COLLON 26 - Le Suppléant (Top Stand-By Job / Stand-By, 1963), pages 653 à 670, nouvelle, trad. Marcel THAON rév. Hélène COLLON 27 - Que faire de Ragland Park ? (What'll We Do With Ragland Park?, 1963), pages 671 à 691, nouvelle, trad. Emmanuel JOUANNE rév. Hélène COLLON 28 - Ah, être un Gélate... (Oh, to Be a Blobel!, 1964), pages 692 à 709, nouvelle, trad. Christine RENARD rév. Hélène COLLON 29 - La Petite boîte noire (The Little Black Box, 1964), pages 710 à 733, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX rév. Hélène COLLON 30 - La Guerre contre les Fnouls (The War with the Fnools, 1968), pages 734 à 745, nouvelle, trad. France-Marie WATKINS rév. Hélène COLLON 31 - Qui perd gagne (A Game of Unchance, 1964), pages 746 à 765, nouvelle, trad. Marcel THAON rév. Hélène COLLON 32 - Un précieux artefact (Precious Artifact, 1964), pages 766 à 780, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX rév. Hélène COLLON 33 - Le Retour du refoulé (Retreat Syndrome, 1965), pages 781 à 802, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX rév. Hélène COLLON 34 - Une odyssée terrienne (A Terran Odyssey, 1987), pages 803 à 833, nouvelle, trad. Emmanuel JOUANNE rév. Hélène COLLON 35 - Rendez-vous hier matin (Your Appointment Will Be Yesterday, 1966), pages 834 à 854, nouvelle, trad. Marcel THAON rév. Hélène COLLON 36 - Guerre sainte (Holy Quarrel, 1966), pages 855 à 878, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX rév. Hélène COLLON 37 - Souvenirs à vendre (We Can Remember It for You Wholesale, 1966), pages 879 à 899, nouvelle, trad. Bernard RAISON rév. Hélène COLLON 38 - Ne pas se fier à la couverture (Not by Its Cover, 1968), pages 900 à 909, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX rév. Hélène COLLON 39 - Match retour (Return Match, 1967), pages 910 à 924, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX rév. Hélène COLLON 40 - La Foi de nos pères (Faith of Our Fathers, 1967), pages 925 à 955, nouvelle, trad. Guy ABADIA rév. Hélène COLLON 41 - L'Histoire qui met fin à toutes les histoires pour l'anthologie d'Harlan Ellison "Dangerous visions" (The Story to End All Stories for Harlan Ellison's Anthology Dangerous Visions, 1968), pages 956 à 956, nouvelle, trad. Emmanuel JOUANNE rév. Hélène COLLON 42 - La Fourmi électrique (The Electric Ant, 1969), pages 957 à 974, nouvelle, trad. Bruno MARTIN rév. Hélène COLLON 43 - Cadbury, le castor en manque (Cadbury, the Beaver Who Lacked, 1987), pages 975 à 993, nouvelle, trad. Emmanuel JOUANNE rév. Hélène COLLON 44 - Au revoir, Vincent (Goodbye, Vincent, 1988), pages 994 à 997, nouvelle, trad. Emmanuel JOUANNE rév. Hélène COLLON 45 - Un p'tit quelque chose pour nous, les temponautes ! (A Little Something for Us Tempunauts, 1974), pages 998 à 1119, nouvelle, trad. Bernard RAISON rév. Hélène COLLON 46 - Les Pré-personnes (The Pre-Persons, 1974), pages 1020 à 1045, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX rév. Hélène COLLON 47 - L'Oeil de la Sibylle (The Eye of the Sibyl, 1987), pages 1046 à 1055, nouvelle, trad. Emmanuel JOUANNE rév. Hélène COLLON 48 - Le Jour où Monsieur Ordinateur perdit les pédales (The Day Mr. Computer Fell Out of its Tree, 1987), pages 1056 à 1063, nouvelle, trad. Emmanuel JOUANNE rév. Hélène COLLON 49 - La Sortie mène à l'intérieur (The Exit Door Leads In, 1979), pages 1064 à 1081, nouvelle, trad. France-Marie WATKINS rév. Hélène COLLON 50 - Chaînes d'air, réseau d'éther (Chains of Air, Web of Aether, 1980), pages 1082 à 1102, nouvelle, trad. France-Marie WATKINS rév. Hélène COLLON 51 - Étranges souvenirs de mort (Strange Memories of Death, 1984), pages 1103 à 1108, nouvelle, trad. Emmanuel JOUANNE rév. Hélène COLLON 52 - Le Voyage gelé (Frozen Journey, 1980), pages 1109 à 1125, nouvelle, trad. Emmanuel JOUANNE rév. Hélène COLLON 53 - Le Cas Rautavaara (Rautavaara's Case, 1980), pages 1126 à 1135, nouvelle, trad. Emmanuel JOUANNE rév. Hélène COLLON 54 - L'Autremental (The Alien Mind, 1981), pages 1136 à 1138, nouvelle, trad. Emmanuel JOUANNE rév. Hélène COLLON 55 - Le Hibou ébloui (The Owl in Daylight, 1991), pages 1139 à 1143, synopsis, trad. Hélène COLLON 56 - Laurent QUEYSSI, Adaptations, pages 1145 à 1164, article
L'événement est considérable. Non qu'il y ait là grand-chose de nouveau, fors quelques pages de préface générale dues à Emmanuel Carrère, et deux versions d'une même couverture qu'on ne discutera pas. Pour le reste, c'est la réédition des quatre tomes de la feue collection Présences, réunis deux à deux. Les préfaces de Jacques Chambon et d'Hélène Collon ayant été conservées, comme elles le méritent, on en a une au milieu de chaque volume, dans une position qui n'est ni de pré ni de post mais peut-être d'interface. L'événement, donc, est économique : toutes les nouvelles de Dick, plus quelques-uns de ses commentaires, presque à moitié prix, et si les bibliothèques publiques préféreront les couvertures plus fortes et le papier plus épais de la présentation originelle, les portefeuilles, eux, ne pourront que s'esbaudir. Vu le nombre de pages, le tarif désespérera les photocopilleurs, si tant est que ceux-ci ne soient pas pur fantasme d'éditeur. Seuls renâcleront ceux qui ont acheté et payé vers la fin du dernier millénaire, et les pisse-vinaigre qui auraient aimé avoir, avec le sourire de la crémière, les textes théoriques des recueils de Présence du futur et une bibliographie complète pour les publications françaises, avec datation et références aux romans.
Pour le reste, qu'ajouter ? Que le premier compte-rendu, dans le premier numéro (épuisé) de Galaxies portait sur le tome 2 de l'édition Présences, et était dû à Claude Ecken. Qu'on encensa ici même, à l'époque, le spécial Dick de la revue Bifrost. Bref, que Dick est incontournable, et plus ici qu'aux États-Unis. Que vous le savez. Comme vous savez ou devinez qu'il y a dans ces volumes une mine, une somme, de quoi suivre une évolution qui part d'un classicisme revisité par l'ironie dans des textes marqués par la guerre froide, entre impérialisme, invasions sournoises, bureaucratie et flicages, pour passer aux hésitations sur la définition de l'humain et de la réalité, aux altérations du monde, aux manipulations et aussi, encore que ce ne soit pas le plus réjouissant, aux foucades mystiques — que l'on pardonnera pieusement. Et comme vous savez qu'il y a en sus le plaisir de la surprise, de l'angle inattendu dans un univers paranoïaque. Et que vous le sachiez ou que vous ne le sachiez pas, si vous n'appartenez pas à la première sorte de ceux qui ont été autorisés plus haut à maugréer, foncez donc chez votre libraire : on vous a déjà dit que ce n'était vraiment pas cher pour ce que c'est !
Philip K. Dick (1928-1982) est un des écrivains majeurs de la science-fiction. Le public ne sait pas toujours que des films comme Total Recall ou Blade Runner ont été directement tirés de son oeuvre, ni que d'autres comme Matrix, The Truman Show ou eXistenZTM n'auraient pu naître sans elle.
Célèbre pour ses romans, Ubik ou Le Maître du Haut Château, pour n'en citer que deux, Dick a été un formidable auteur de nouvelles. Dans lesquelles il explore les mêmes thèmes, les mêmes obsessions autour desquelles il a bâti son oeuvre entière. A savoir, qu'est-ce que la réalité ? Sommes-nous sûrs de vivre dans un monde réel ? Ne vivons-nous pas plutôt dans un monde truqué ? Rêvons-nous ? Sommes-nous drogués ? Qu'est-ce qui nous prouve que nous ne sommes pas morts, que nous ne sommes pas des simulacres ? Autant d'interrogations qui ont permis à Dick de dénoncer l'aliénation collective des sociétés et la manipulation des consciences, dévoilées par la résistance de l'individu qui refuse les apparences et les explications toutes faites.
Philip K. Dick fut un écrivain prolifique, notamment au début de sa carrière. Forte du succès d'une précédente édition, les éditions Denoël publient, en deux volumes, l'intégrale des 130 nouvelles de ce maître. Certaines agrémentées d'une préface de l'auteur lui-même. L'occasion de plonger en douceur dans l'univers d'un créateur qui a gravé son empreinte dans la littérature du XXe siècle.
Totall Recall, Minority Report, Blade Runner sont tous des films qui ont été tirés de ses nouvelles. C'est dire l'importance de cet auteur, connu bien au-delà des frontières de la science-fiction.
Les éditions Denoël republient en deux volumes l'intégrale des nouvelles de Philip K. Dick. Il faut bien 2887 pages pour réunir les 120 nouvelles de ce géant de la littérature, publiées entre 1947 et 1981. Dans les univers de cauchemars de Dick, la réalité se disloque et le temps se désarticule. Comme dans Le père truqué, où un extraterrestre malveillant a pris la place du père du jeune Charles Walton. Ou encore dans Le Vétéran, où l'on découvre un vieillard qui se souvient d'une guerre qui n'a pas encore eu lieu...
A l'exemple de ces deux-là, entrer dans une nouvelle de Dick c'est prendre le risque d'en ressortir avec un brin de frayeur, une interrogation, un doute. C'est se dire : « et si... ». Bref, c'est observer la réalité sous un autre angle, pas forcément sympathique.
Toutes les nouvelles de Dick ne sont pas d'égale valeur. Mais découvrir à l'avance les idées que les prochains films à succès de SF vont nous proposer, n'est-ce pas alléchant ?