BÉLIAL'
(France), coll. Bifrost (revue) n° 22 Dépôt légal : avril 2001 Première édition Revue, 196 pages, catégorie / prix : 65 FF ISBN : 2-913039-14-6 Format : 15,0 x 21,0 cm✅ Genre : Imaginaire
Quatrième de couverture
« C'est un lieu hors du temps. Il fait bon s'y prélasser, à l'heure où le soleil à l'horizon s'émiette en un dernier rougeoiement. On se laisse bercer, alangui au creux d'un rocking-chair. Un vieux chien est couché de tout son long sur le plancher de la véranda. Un verre de whisky couleur de miel est posésur une table basse, à portée de la main... Le temps d'un soupir et ce sera bientôt l'heure où les voisins viennent dire un petit bonjour. Il y aura Thorndyke et Bauncer, dont la malice ne s'est pas émoussée en presque sept décennies. Il y aura aussi Brad : lui passe désormais le plus clair de son temps à se balader dans la vieille Ford T qu'il a enfin fini par retaper ! Il y aura Enoch Wallace : cent vingt-quatre ans mais qui en paraît à peine trente. Il y aura peut-être les nouveaux voisins : des gens discrets qui viennent d'on ne sait où... d'un repli de l'espace ou d'un autre temps, mais quelle importance ? Il y aura sans doute Hezekiah, Richard Daniel ou le vieux Jenkins : plus humains que nombre d'humains.
On boira un verre. On papotera. On évoquera des souvenirs d'antan. Mon Dieu, qu'est-ce qu'on sera bien ! »
De Demain les chiens à Au Carrefour des étoiles, Clifford Donald Simak nous laisse une des œuvres les plus personnelles de la S-F mondiale. Un monument que nous avons tenté de cerner dans ce numéro spécial, qui se veut autant un hommage à celui qui « écoutait les étoiles » qu'une invite à (re)découvrir ses univers.
1 - Olivier GIRARD, Éditorial, pages 2 à 3, éditorial 2 - Clifford Donald SIMAK, Mascarade (Masquerade, 1941), pages 6 à 27, nouvelle, trad. Gilles GOULLET 3 - Clifford Donald SIMAK, Un Van Gogh de l'ère spatiale (The Spaceman's Van Gogh, 1956), pages 28 à 41, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 4 - Clifford Donald SIMAK, Une visite chez mère-grand (Over the River and Through the Woods, 1965), pages 42 à 49, nouvelle, trad. Gilles GOULLET 5 - Clifford Donald SIMAK, Le Puits siffleur (The Whistling Well, 1980), pages 50 à 71, nouvelle, trad. Gilles GOULLET, illustré par JWEL 6 - COLLECTIF, Objectif Runes, pages 74 à 90, critique(s) 7 - Pierre STOLZE, À la chandelle de Maître Doc Stolze, pages 91 à 93, chronique 8 - Frank Olson BRAUN & THUG, Le Cabinet de curiosités, pages 94 à 98, chronique 9 - COLLECTIF, Sous le signe des bulles, pages 100 à 111, critique(s) 10 - GINO, John Cassaday : rencontre expresse, pages 112 à 113, entretien 11 - Philippe PAYGNARD, Super les héros ! : Le retour de Lone Sloane, pages 114 à 119, chronique 12 - Pierre-Paul DURASTANTI, Les Univers de Clifford D. Simak, pages 120 à 121, introduction 13 - Francis VALÉRY, Clifford D. Simak : La pêche et les étoiles, pages 122 à 129, article 14 - David PRINGLE, Des extraterrestres pour voisins. Réévaluer Clifford D. Simak (Aliens for neighbours, 1977), pages 130 à 142, article, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 15 - Pierre-Paul DURASTANTI, Bibliographie des œuvres de fiction de Clifford D. Simak (3 août 1904 - 25 avril 1988), pages 143 à 154, bibliographie 16 - Paul WALKER, Clifford Simak. Une interview (1975), pages 155 à 160, entretien avec Clifford Donald SIMAK, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 17 - Guy SIROIS, Empire. Le roman fantôme de Clifford D. Simak, pages 161 à 164, article 18 - Robert SILVERBERG, Demain les chiens : une préface (Introduction, 1996), pages 165 à 170, préface, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 19 - COLLECTIF, Petit guide de lecture à l'usage de l'explorateur simakien, pages 171 à 191, critique(s) 20 - ORG, Paroles de nornes, pages 192 à 195, chronique
Critiques
L'an passé, Olivier Girard et son équipe nous avait concocté un superbe numéro spécial Philip K. Dick, un régal et une référence. Cette année, sur la base de la même formule, nos confrères de Bifrost se sont penchés sur un des grands auteurs de l'Âge d'or de la SF : Clifford Donald Simak. Un choix surprenant à plusieurs titres et que je résumerai par deux questions : l'auteur de l'excellent Demain les chiensa-t-il une œuvre suffisamment inoubliable pour que l'on s'y arrête si longuement ? Pourquoi une revue qui vise un public jeune et néophyte a-t-elle choisi un écrivain marquant certes, mais loin d'être une figure de proue à l'époque et encore moins aujourd'hui (contrairement à un Sturgeon, un Asimov ou encore un Vance) ? J'ai conscience de ce que ces interrogations ont de subjectif et de personnel, mais cela me tarabuste.
Pour ouvrir ce numéro, quatre nouvelles inédites attendent les lecteurs. Mascarade est une histoire de SF classique qui révèle quelques bonnes surprises, mais dont le style est daté, Un Van Gogh del'ère spatiale surprend par la thématique et l'écriture, Une visite chez mère-grand était une belle fable à l'époque, mais, passée la curiosité historique, paraît bien fade aujourd'hui et Le Puits siffleur nous fait découvrir la seule incursion de Simak dans le fantastique, une agréable nouvelle sans plus. Ces quatre récits se lisent donc avec intérêt et plaisir, mais ne réussissent à aucun moment à nous captiver totalement ou à nous surprendre par traîtrise. La partie rédactionnelle est beaucoup plus solide avec un (toujours) excellent article de Francis Valéry sur l'homme, l'œuvre et sa place dans l'Âge d'or, une étude sérieuse et attendrissante de David Pringle en forme de réévaluation de l'œuvre de Simak, une bibliographie exhaustive, une interview de l'auteur (datée de 1975) qui — enfin — nous apprend quelque chose sur l'homme et sur son approche des genres, un article sur Empire, le seul roman de Simak inédit en français (un mauvais roman semble-t-il, cela valait-il la peine d'en parler aussi longuement ?), une préface savoureuse et captivante de Robert Silverberg pour Demain les chiens et un petit guide de lecture fort bien mené.
Objectivement, ce numéro spécial est le fruit d'un véritable travail de recherche et de l'excellent labeur d'une équipe passionnée. Dans la forme, il n'a rien à envier auspécial Dick. Subjectivement, si le tout est agréable à lire, permet de satisfaire une curiosité science-fictive légitime, il n'en reste pas moins que Clifford D. Simak n'a jamais réussi — à quelques rares exceptions — à me transcender (encore moins aujourd'hui) et que sa vie est loin d'être exaltante. Ce numéro de Bifrost s'adresse donc aux fans purs et durs de SF, et permet aux autres d'attendre avec un peu plus d'impatience le prochain numéro spécial consacré à Michael Moorcock...