LES ENQUÊTES DE LOGICIELLE

     De son enfance, on ne sait pas grand-chose. « L'étrange et douce odeur des endroits où vivent les bébés » l'émeut. On sait qu'elle a perdu ses parents dans un accident et qu'en elle, parfois, « ressurgissent de vieilles peurs enfantines, celle du noir de la solitude, de l'abandon ».

     Adolescente, elle était nulle en histoire.

     Informaticienne de formation et passionnée d'informatique, de son vrai nom Laure-Gisèle Beffroy, Logicielle, tient son surnom des collègues de l'entreprise dans laquelle elle travaillait. Ecoutons Christian GRENIER dans Je suis un auteur jeunesse : « Pour le prénom de Logicielle, j'ai d'abord pensé au terme de logiciel que j'ai mis au féminin, d'où Logicielle » « Le sobriquet de Logicielle a été inventé avant la trouvaille de Laure-Gisèle. »

     Conceptrice de programmes, grande surfeuse d'Internet, elle se retrouve au chômage et passe un concours pour entrer dans la police. Elle est admise. Elle est célibataire, sans enfants. Elle est âgée de vingt cinq ans et ne vieillit jamais. Elle va d'ailleurs coiffer Sainte-Catherine dans @ssassins.net.

     Christian GRENIER ne nous dit pas grand-chose du physique de Logicielle : il laisse le soin à son lecteur de l'imaginer. D'après Max, elle est jolie et a un charme irrésistible, d'après Jo-la-Pêche, elle est charmante. On sait qu'elle chausse du 38, qu'elle est sportive, elle a d'ailleurs un brevet de plongée, qu'elle n'est pas une adepte du tatouage ni du piercing mais qu'elle se sert de produits de beauté.

     Dans le cadre de son travail, Logicielle porte un tailleur imitation Chanel, sinon une veste ou un blouson. Elle a un grand sac à main dans lequel elle peut glisser plusieurs dossiers. Quand elle doit sortir avec Max, elle passe une robe légère ou... un casque de moto selon la sortie proposée. Quand il fait froid, elle enfile un anorak. Elle dort en pyjama. En pleine canicule, pendant les parties de pêche à la mouche sur la Dordogne, un bikini et un chapeau de paille lui suffisent et, à la Réunion, un short et un tee-shirt l'habillent. On voit qu'elle ne s'embarrasse pas avec les tenues vestimentaires, ce qui ne l'empêche pas d'admirer, un peu envieuse, le superbe tailleur en lin rose de la femme d'un compositeur dans Arrêtez la musique !

     Elle voyage léger : en général, elle rassemble au hasard quelques vêtements, dont un maillot de bain, dans un sac de voyage.

     Logicielle vit à Epinay sur Seine, dans un immeuble avec parking souterrain, où elle occupe un studio si petit que son unique valise est rangée sous le lit. Comme elle n'est pas très bonne ménagère, la taille de son studio lui convient. Elle se déplace en Twingo, se gare mal, sur les passages piétons, sur les trottoirs et roulerait volontiers dans les rues piétonnes. Logicielle est fâchée avec son assurance depuis « qu'elle a retrouvé sa Twingo brûlée par des mauvais plaisants et qu'une clause de son contrat spécifiait que l'incendie criminel ne permettait aucun recours, à moins que le coupable ne soit identifié », ce qui ne l'empêche pas de racheter une deuxième Twingo.

     Son radio-réveil se déclenche à l'aube : Logicielle est une matinale ; même le samedi et le dimanche, elle ne s'octroie que très rarement une grasse matinée. Elle repousse ses draps et prend un solide petit déjeuner si elle en a le temps : trois bols de café, deux croissants, du pain frais et de la confiture. Sinon un café noir lui suffit. C'est une adepte du café : elle en boit même le soir. La lecture du Journal du dimanche accompagne ses petits déjeuners dominicaux. Après une bonne douche, elle s'habille à la hâte puis se fait une beauté. Court trajet en Twingo vers le commissariat de Saint-Denis et elle est d'attaque pour une journée de travail. A midi elle déjeune au self ou au restaurant en compagnie de Max, quand ils peuvent prendre le temps de manger.

     A son retour le soir, par réflexe, elle allume la télévision et branche son ordinateur. Elle a facilement sommeil et se couche de bonne heure, sauf quand elle se met au travail à l'ordinateur ou qu'elle doit se documenter dans le cadre d'une affaire. Elle se met alors sur répondeur pour ne pas être dérangée. Auparavant elle a suivi le journal télévisé en avalant un plat réchauffé au micro-ondes, quand elle ne va pas dîner au restaurant avec Max. Elle n'aime pas trop cuisiner et charge volontiers Max de préparer les repas quand ils travaillent ensemble chez elle. Ces soirs-là, ils boivent du jus de fruit, mais Logicielle a du pomerol 89 dans sa cave, pour les grandes occasions.

     Logicielle est gourmande. Elle n'oubliera jamais le somptueux repas arrosé de champagne qu'elle a fait en classe affaire, dans l'avion qui l'emmenait à la Réunion. Elle adore la tarte Tatin, les fraises à la Chantilly et la crème brûlée. Chez un témoin, Madame Jaouss, nourrice marocaine ou tunisienne, elle accepte volontiers le thé à la menthe et « les pâtisseries orientales maison, brillantes de sucre et d'huile ». Il lui arrive parfois de faire la cuisine pour ses amis. La cuisine périgourdine, goûtée en compagnie de Germain-Germain, dans les fermes auberges de la région, fait ses délices. Ainsi que le monbazillac. A la Réunion elle aurait bien essayé toutes les spécialités. Elle n'a pas résisté aux nombreux rhums arrangés et punchs réunionnais offerts par ses hôtes, a savouré un cari de poulet, un gratin de chouchoux, du canard à la vanille, elle a dégusté une pintade au combava, du foie gras entier, un cari de Saint-Jacques avec rougail-mangue et un cari de langouste. Rien d'étonnant à ce qu'elle se sente « repue et un peu grise » après tout cela.

     Logicielle a peu d'amis en dehors de Max : seule Loulou, un des personnages de Coups de théâtre, actrice, fille de la victime, mariée à Alfredo et future mère de Matilda, dont Logicielle sera la marraine, aura ce privilège. Logicielle a été témoin de leur mariage. Toujours sur ses gardes, Logicielle est stressée, coléreuse, rarement détendue, elle n'est pas toujours d'humeur à plaisanter et peut avoir une mine renfrognée qui intimide.

     D'une extrême pudeur, elle tient à protéger sa vie privée.

     Elle n'aime pas qu'on décide à sa place. Elle prend alors un ton sec et devient cassante, surtout quand elle est sûre d'elle. Ensuite elle se le reproche. Capable de plaisanterie, son humour est souvent sarcastique, ironique, au mieux il est noir, facétieux les bons jours.

     Subtile et fine mouche, elle sait être très persuasive.

     Toutefois, Logicielle sait se laisser toucher par l'émotion des autres, elle est sensible et fait preuve de compassion et d'amour pour autrui. Elle devient chaleureuse alors. Elle parvient même à s'apitoyer sur le commissaire Delumeau...

     Si Logicielle confond Gascogne et Dordogne, elle est capable de lire jusqu'à deux heures du matin et de trouver une œuvre de Cyrano de Bergerac passionnante. La musique classique n'est pas son fort, elle écoute cependant le Mandarin merveilleux de Béla Bartok sans déplaisir. Logicielle peut être émue aux larmes par certains morceaux de musique qui éveillent « en elle des émotions enfouies ou oubliées ».

     Elle philosophe dans Simulator : « Le luxe c'est d'être jeune et en vie. Hériter, c'est mauvais signe. Signe que quelqu'un est mort et qu'on est tout à coup plus vieux. » Selon elle, « Le bonheur c'est agir, avoir des projets, travailler, vivre avec ceux qu'on aime », dont Max fait partie. Elle ne se voit pas oisive dans une maison, même celle de Germain-Germain, vivant seule de ses rentes loin de tout.

     Elle aime l'art et les antiquités, a des connaissances en architecture mais n'apprécie pas la visite des chapelles dédiées aux saints locaux de la Réunion. Elle aime aller au cinéma, son acteur préféré est Johnny Depp. Logicielle adore faire des ballades à moto avec Max sur les quais de Seine et se laisser griser par la vitesse derrière lui.

     Sa visite du Futuroscope un dimanche avec lui, l'a vivement intéressée. Elle passe ses vacances en Auvergne, à moto avec Max, part au Portugal, à moto avec Max, prévoyant une halte chez Germain-Germain dans le Périgord, où elle refuse de partager la tente de Max (où va-t-il dormir, le pauvre, pendant leur mois au Portugal ? ) et enfin, elle et Max, s'offrent dix jours de « vacances » à la Réunion, non loin du Piton de la Fournaise, dans un hôtel paradisiaque où Logicielle a pris soin de réserver deux chambres : ils ne sont pas mariés, que diable !