LES ENQUÊTES DE LOGICIELLE

     Même s'il essaye de rester discret, Max est amoureux fou de Logicielle. Tous les prétextes sont bons pour lui frôler, lui prendre ou lui presser la main. Il l'appelle toujours très tard le soir, après vingt trois heures, ce qui a le don d'agacer profondément Logicielle qui est une couche-tôt ou qui, concentrée, travaille à son ordinateur.

     Il arrive le dimanche matin chez elle avec un bouquet de fleurs et des croissants frais. Un jour il tombe sur Tony qui était venu demander de l'aide à Logicielle, or un Max amoureux est un Max excessivement jaloux. Il lui fait des scènes fréquentes, qu'elle ne comprend pas tout d'abord, mais qui, petit à petit, lui ouvrent les yeux. Plus Logicielle répond à ses avances, plus il est jaloux. Alors Max peut devenir sarcastique et méchant. Quand Jo-la-Pêche, dans Mouche ! , « reluque » Logicielle en bikini, le langage de Max, furieux, vert de jalousie, devient presque vulgaire, il emploie le mot « peloter », une exagération, car Jo ne faisait que montrer à Logicielle comment lancer sa ligne. Max est jaloux et fait tout pour rendre Logicielle jalouse : il fait les yeux doux à une jeune violoncelliste, et drague ouvertement une hôtesse de l'air. Et çà marche ! Logicielle réagit !

     Les malentendus sont multiples dans leur relation qui tient parfois du vaudeville. Un soir Logicielle donne rendez-vous chez elle à Max à vingt et une heures, mais elle arrive très en retard et ne trouve plus sur son paillasson qu'un bouquet de roses jaunes et un livre de Cyrano de Bergerac. Leur amour est en décalage. Max a toujours une ou deux longueurs d'avance mais il n'est pas rancunier. Un soir où il est invité à dîner chez Logicielle, il sort une bouteille de champagne au moment où elle apporte le dessert, déclare à Logicielle qu'il l'aime et qu'ils devraient vivre ensemble. Stupéfaction de Logicielle qui ne voit encore en Max qu'un ami. Max est remis à sa place. On suppose que ces soirs là, il rentre chez lui, boit quelques verres pour oublier, car, un matin où Logicielle passe pour se réconcilier avec lui, « il a la voix morne et pâteuse, un sourire forcé, un jean informe et la mine défaite. »

     La grande arme de Max, c'est de faire le mort, de ne plus donner signe de vie à Logicielle pendant plusieurs jours, ce qui a le don de la rendre folle. Finaud, il décroche son téléphone et disparaît de la vie de Logicielle pour se faire désirer. Il est même capable de se rendre odieux avec elle, ou totalement indifférent, tout cela pour la faire réagir et prendre conscience qu'elle aussi, tient à lui. Un soir, alors que Logicielle l'invite à monter chez elle, il refuse, prétextant qu'il a une douche à prendre...

     Il est patient et fin psychologue. Il explique à Logicielle que son problème c'est de préférer le virtuel à la réalité. « Quand c'est faux, c'est tellement plus beau ». Max a toujours peur de perdre Logicielle même quand elle est à côté de lui. Il n'aime pas qu'elle soit loin, mais il y trouve une compensation car Logicielle se livre davantage au téléphone ou par mail. Ecoutons Max : « Heureusement que le téléphone existe. Et Internet. Et les fax. Ces intermédiaires nous rapprochent. Tu te sens protégée par ces filtres et tu hésites moins à te livrer ». Logicielle venait de lui dire qu'il lui manquait. Quel aveu ! Il comprend ses blocages et, avec beaucoup d'humour, lui glisse qu'une autiste saurait mieux exprimer ses sentiments qu'elle. Dans Big Bug, Max arrache à Logicielle l'aveu de son amour pour lui.

     Dans un couple il y en a toujours un qui aime plus que l'autre : ici, c'est Max.