LES ENQUÊTES DE LOGICIELLE

     La relation de Logicielle avec Max va évoluer d'une relation professionnelle à une relation amicale puis à une relation amoureuse forgée de contradictions. Au début de sa relation avec Max, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle ne le ménage pas, elle exerce sur lui une ironie mordante et déteste qu'il prenne des initiatives. Elle peut tourner les talons en plein milieu d'une conversation et le planter là.

     Bientôt, Max l'apprivoise et ils deviennent complices et amis. Max tombe très vite amoureux de Logicielle. Pour elle, le processus sera plus lent. Là, Logicielle va faire preuve de multiples contradictions. Selon elle, Max a quatre défauts : il est envahissant, jaloux, trop joyeux drille, et il brûle les étapes.

     Il fait à Logicielle une cour assidue, qui l'agace, la flatte ou l'attendrit tour à tour. Il passe chez elle à l'improviste mais elle ne le met pas dehors de manière directe : diplomate, elle cherche des excuses polies pour le faire partir. Il lui téléphone très tard le soir, ce qui exaspère Logicielle, mais s'il se passe plus de quarante huit heures sans qu'il l'appelle, elle angoisse.

     Max est très jaloux, on l'a vu, mais Logicielle aime exciter sa jalousie, que ce soit avec Jacques Deitte, premier violon dans Arrêtez la musique !, ou avec Greg, son adjoint à la Réunion, dans Simulator. Elle-même fait preuve d'une jalousie mortelle une fois qu'elle a découvert son sentiment pour Max, tour à tour jalouse d'une violoncelliste, puis d'une étudiante et enfin d'une hôtesse de l'air.

     Max la taquine sans cesse, et pratique un humour assez systématique, mais elle-même, lui dit un jour, qu'il faut être joyeux, détendu et plein d'humour pour lui plaire.

     Elle est parfois à cent lieues des déclarations d'amour de Max, mais s'il laisse un message sur son répondeur sans terminer par « Je t'embrasse. », Logicielle sombre dans la tristesse.

     La relation de Logicielle et de Max est parfois très tendue, du fait de la personnalité de Logicielle, un peu rigide, qui n'aime pas s'encombrer de sentiments qui la déstabilisent. Elle résiste souvent à l'envie de téléphoner à Max. Mais de brouille en brouille, de réconciliation en réconciliation, de quiproquo en quiproquo, l'amour se fait jour.

     Les échanges verbaux entre Logicielle et Max sont de vrais championnats de ping-pong, puis Logicielle culpabilise, elle s'en veut d'avoir été dure avec Max. Les reproches peuvent pleuvoir des deux côtés. Logicielle n'est pas jalouse de la moto de Max, alors pourquoi serait-il jaloux de son ordinateur ? Max, ivre de jalousie, quand il découvre Tony chez Logicielle un matin, est franchement odieux et va faire souffrir Logicielle, bien plus qu'elle ne pouvait l'imaginer. Elle pleure presque de dépit lors de ce malentendu et le dimanche qui suit est le pire de sa vie. Elle tente vingt fois de joindre Max mais elle tombe sur son répondeur. Elle s'inquiète pour lui, s'affole, elle se rend à son domicile mais il est absent, sa moto n'est pas garée dans le parking souterrain de son immeuble. Max a disparu, il est coutumier du fait. Quand Max se fait trop longtemps désirer, Logicielle va seule au restaurant ou au cinéma mais trouve que « la vie en solo manque de sel. »

     Cette fois Logicielle est obligée de l'admettre, elle souffre et lorsque enfin ils se retrouvent, elle lui avoue qu'elle tient à lui. Elle aussi, va apprendre à se faire rare avec Max, soit pour se faire désirer soit « pour qu'il ne se rende pas trop vite compte combien elle peut être casse-pieds. »

     C'est dans Simulator, la première enquête qui tient Logicielle éloignée de Max, qu'elle va prendre conscience de l'importance qu'il a prise dans sa vie et combien il lui manque. Pourquoi se sent-elle plus proche de Max quand elle en est loin ?

     « Quand Max se trouvait à ses côtés, elle était souvent irritée. Par son insistance, sa présence envahissante, sa tendance à l'accaparer. Elle dressait alors une barrière mentale, se réfugiait dans une bulle que personne ne pénétrait. »

     La séparation et l'éloignement vont l'amener à se poser des questions : pourquoi faut-il qu'elle soit séparée de ceux qu'elle aime, pour leur révéler ses vrais sentiments ? Pourquoi est-ce quand Max n'est pas là qu'elle se sent prête à l'accueillir ?

     « Elle prit conscience que la distance devait instaurer une sécurité à ses yeux, elle était alors moins sur la défensive. »

     Elle ira, plus tard, jusqu'à lui dire qu'elle l'aime. Max a gagné.

     Logicielle finit « par céder à la cour de Max et par craquer, enfin presque », car s'ils sortent ensemble, ils rentrent séparément, font chambre à part à l'hôtel et tente à part au camping. Logicielle semble limiter les contacts physiques : « Elle le (Max) serre très fort à moto pour trouver du réconfort »« Une vague de chaleur la submerge quand Max retrouve son humour », elle prend Max par la main, lui fait la bise, passe la main dans ses cheveux bouclés, se serre tendrement contre lui, mais au moment de se faire embrasser par lui ou de l'embrasser, elle esquive et s'en tire toujours par une pirouette. Littérature jeunesse oblige...

     Si l'on en croit la fin de Big Bug, tout cela devrait finir, en tout bien tout honneur, par un mariage : Max fait sa demande, Logicielle accepte mais impose un temps de réflexion.