LES ENQUÊTES DE LOGICIELLE

     Au début du mois de novembre 2004, j'étais, depuis quelques semaines déjà, à la recherche d'un sujet de mémoire. Il fallait qu'un déclic se fasse. J'avoue — ici seulement — que mes publics favoris en littérature jeunesse sont les bébés lecteurs, trop rares à la bibliothèque d'Aumont en Halatte (Oise — 60) et les « adolecteurs » (le néologisme m'aura échappé, sans doute par analogie avec bébé lecteur) eux, bien plus nombreux. Qui dit « adolecteur », dit lecteur entre onze et dix-sept ans, soit les années collège et lycée.

     Simulator était en lice pour le prix Livrentête 2005, prix décerné chaque année à un auteur jeunesse par l'association Culture et Bibliothèques Pour Tous. Je venais de lire ce roman policier mâtiné d'anticipation et je l'avais trouvé sympathique et dynamique, bref, à même de réveiller un « adolecteur » endormi, quel que soit son âge. Je m'étais prise d'amitié pour Logicielle, jeune et intrépide lieutenant de police, brillante informaticienne. J'avais souvent compati avec Max, son adjoint et éternel soupirant, de plus l'humour noir de l'inspecteur Germain Germain-Germain, ex-mentor de Logicielle, m'avait fait rire lors du dénouement de l'intrigue. A mon sens, le trio ne pouvait qu'entraîner les lecteurs à leur suite, dans une enquête pleine de rebondissements.

     Une dizaine de jours plus tard, je me rendais au Salon du Livre et de la BD de Creil (Oise — 60), « La Ville aux Livres ». Il était consacré au roman policier : littérature jeunesse, littérature générale et bandes dessinées confondues. Après un rapide tour d'horizon, je me suis dirigée vers l'espace littérature jeunesse et, dans cet espace, vers un endroit vivant où les jeunes venaient s'agglutiner. Là, j'ai aperçu Christian GRENIER, assis derrière des piles de livres rouge et noirs, LES ENQUÊTES DE LOGICIELLE. Je pris conscience alors qu'il s'agissait d'une série policière dans laquelle on pouvait retrouver les personnages de Simulator. L'écrivain était détendu, prenait le temps de répondre aux questions de chaque lecteur avec le sourire et dédicaçait ses livres sans le moindre soupir. J'ai observé la scène pendant plusieurs minutes : les lecteurs de la série étaient souvent plus jeunes que la tranche d'âge indiquée par Rageot, en quatrième de couverture : « À PARTIR DE 12 ANS ».

     Je me lançais dans la spécialisation Secteur Jeunesse, formation en littérature de jeunesse proposée par Culture et Bibliothèques Pour Tous. L'autobiographie de Christian GRENIER, Je suis un auteur jeunesse, venait de sortir. Il y en avait une petite pile à côté des enquêtes de Logicielle. J'ai feuilleté le livre et j'ai été rapidement convaincue qu'il me le fallait, et qu'il me le fallait dédicacé par Christian GRENIER.

     Je ne l'avais vu qu'une fois, de très loin, au cours d'une conférence sur la différence entre fantastique, heroic fantasy et science-fiction, conférence limpide, donnée dans le cadre de la formation continue des bibliothécaires de l'association. Cela se passait il y a quelques années, en amphithéâtre à Châtenay-Malabry. Il avait tenté, ce jour-là, — quel courage ! — de nous initier, nous, béotiennes, aux mystères de l'espace et du temps. Jamais à l'époque je n'aurais imaginé oser aborder le maître.

     Cette fois, j'étais motivée, je voulais, certes, une dédicace mais surtout je souhaitais bavarder avec un auteur jeunesse. Ce fut chose facile. A la suite de cette conversation, ma décision était prise. Christian GRENIER ferait entrer le monde de Logicielle dans mon mémoire. Le lendemain, je commandais toutes LES ENQUÊTES DE LOGICIELLE à la librairie, mais, dans mon enthousiasme, j'avais oublié de vérifier si nous avions d'autres titres, hormis Simulator, faisant partie de ces enquêtes, dans notre bibliothèque. C'est alors que j'ai découvert que nous en avions deux autres sur nos rayons.

     Je tenais le sujet de mon mémoire : étudier une série policière susceptible de retenir l'attention des adolescents de notre bibliothèque, puisqu'elle attirait un public nombreux au salon de Creil, faire le portrait des protagonistes, notamment celui de Logicielle en jeune femme, examiner ses relations avec son entourage et dégager ainsi l'image de la femme transmise aux adolescents à travers elle.

     Je tenais une série policière de choix, écrite par un maître ès littérature de jeunesse.