3 - Harlan ELLISON, La Bête qui criait amour au coeur du monde (The Beast That Shouted Love at the Heart of the World, 1968), pages 23 à 34, nouvelle, trad. Frank STRASCHITZ
L'introduction de Sadoul est exemplaire, et décrit parfaitement la profonde mutation connue par la SF fin des années cinquante. Impact du lancement de Spoutnik, intérêt subit des auteurs pour la Terre et son avenir, premiers grands films, succès grandissant de la fantasy, New Worlds au Royaume Uni, SF politique en France après 1968... Par contre, les nouvelles choisies sont d'un moindre niveau, à mon avis. Le recueil s'ouvre pourtant par un chefs-d'œuvre absolu d'émotion poétique : Lumière des jours enfuis de Bob Shaw (1966), l'histoire poignante du « verre lent » qui conserve les images... Il termine tout aussi brillamment par Sonate sans accompagnement d'Orson Scott Card, belle nouvelle sur un musicien contraint par la Loi du Bonheur... Hélas, les autres textes sont moins forts. Je les cite tout de même, car ce jugement est subjectif, évidemment : La Bête qui criait « amour » au cœur du monde d'Ellison, La fourmi électrique de Dick (très symptomatique), L'Herbe du temps de Norman Spinrad, Cassandra de Carolyn Cherryh, et un très décevant Silverberg, Groupe. Reste encore une belle nouvelle, fort sombre, de Le Guin, Ceux qui partent d'Omelas. Le dernier volume se consacrera aux années 1982-2000 sous le titre Le renouveau. Et Sadoul annonce ensuite Une histoire de la science-fiction française qu'il sera intéressant de détailler.